Le stockage de données sur ADN décolle
Quelques grammes d’une fine poussière au fond d’une éprouvette. C’est à cela que pourrait ressembler une bibliothèque universelle, conservant la totalité des données produites par l’humanité pour les transmettre aux générations futures. Quatre ans après les premières démonstrations de stockage d’information sous forme de brins d’ADN synthétique, des industriels se sont lancés dans la bataille, à l’image de Microsoft. Son centre de recherche a réalisé une prouesse en 2016, avec pas moins de deux cents mégaoctets de données converties en ADN, soit l’équivalent d’une quarantaine de chansons sous forme de fichiers MP3. Des informations qui pourront être conservées ainsi pendant des siècles, voire des millénaires.
En 1994, le mathématicien et cr yptographe américain Leonard Adleman avait ouvert la voie, en montrant comment de l’ADN de synthèse peut être utilisé pour effectuer des calculs. Il avait noté la grande similitude entre les univers électronique et génétique : quand le premier utilise un alphabet à deux lettres, le 0 et le 1, pour stocker et manipuler les informations, l’information génétique repose sur quatre molécules — appelées bases — : l’adénine, la cytosine, la thymine et la guanine. Autrement dit, un alphabet à quatre lettres, A, C, T et G.
Leonard Adleman avait imaginé — et testé — une méthode pour traduire des données informatiques en code génétique. Si l’ordinateur à ADN n’a jamais vu le jour, l’expérience a suscité un intérêt considérable chez les scientifiques en quête d’un moyen d’archiver de gros volumes de données dans la durée. Car conservé au sec et à l’abri de la lumière, l’ADN peut se conserver des milliers d’années, à l’image du génome d’un homo sapiens vieux de 45 000 ans décodé en 2014.