Le Devoir

Adieu, Réjean Ducharme

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Ça y est vous êtes parti… Vous, l’inconnu le plus connu… J’apprends aujourd’hui que j’ai perdu mon père-pétuel de mots… Votre plume ne créera plus, elle s’est brisée, s’est fanée. Mais heureuseme­nt, Bérénice, Inat et tous ceux que j’aime pourront continuer de me bercer, de me bousculer… Ils continuero­nt de m’aider à combattre ce qui est laid chez l’adulte, ils me rappellero­nt à l’ordre quand j’oublierai l’essentiel, quand je m’éloignerai de l’océan, quand je ne sentirai plus le souffle du vent sur mon visage, quand je n’aurai plus envie de me battre pour vivre…

«… je t’embrasse, je t’emporte, je t’emmène avec moi». J’ai été emportée tant par les récits que par la langue, si belle, si profonde, si unique, si chère à mon coeur… Quand j’ai commencé à découvrir votre oeuvre, j’avais l’impression de découvrir un pays, je voyageais. Chaque fois que j’ai ouvert un livre qui portait vos images, je savais que je serais accueillie, que j’aurais mal, que je serais confrontée à ce qui me faisait peur en moi…

Tous vos mots qui jouent les uns avec les autres, me forçant à imaginer le pire, comme le meilleur. Réjean Ducharme… Je m’assurerai de transmettr­e à mes fils toute cette beauté, parfois tendre, parfois acide, une beauté grande, si grande qu’elle dépasse les plus hauts édifices, elle dépasse la réalité de la vie, elle dépasse parfois même la vérité…

Je vous aime. Je vous aime. Je vous aime. Maintenant que vous êtes mort, je peux le dire sans avoir peur de vous envahir… Vous qui préfériez rester à l’écart… Merci d’avoir partagé vos mots malgré ça… Ce soir, je pleure une oeuvre qui s’achève… Et je crie au génie !!! Ce soir, je suis reconnaiss­ante que vous ayez vécu, que vous ayez écrit. Ce soir, je suis en deuil de celui qui dans mon coeur ne pourra être égalé. Sait-on jamais, peut-être… Merci et salutation­s, Caroline Desmarteau Sherbrooke, le 25 août 2017

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