De la guérilla à la lutte politique
Les FARC se réunissent en congrès en vue du lancement de leur parti
Les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) ont franchi le pas vers la politique sans armes, en ouvrant dimanche un congrès chargé de définir la ligne du parti dans lequel doit se convertir la plus ancienne guérilla des Amériques, après avoir signé la paix en novembre avec le gouvernement de Juan Manuel Santos.
«Les FARC se transforment en une nouvelle organisation exclusivement politique, qui exercera son activité par des moyens légaux», a lancé leur chef suprême, Rodrigo Londoño, devant 1200 délégués venus des anciens fiefs de la rébellion, qui a fini de déposer les armes le 15 août.
«Nous continuerons à lutter pour un régime démocratique qui garantisse la paix dans la justice sociale », a-t-il ajouté sous les applaudissements de ses troupes, réunies pour la première fois publiquement dans Bogotá.
Le président Santos a salué l’événement : «Qui aurait pu croire cela possible il y a quelques années?», a-t-il lancé. « Ce que nous devons faire maintenant, c’est nous réconcilier.»
Se tenant la plupart du temps à huis clos jusqu’à jeudi, le congrès va définir la ligne et le nom du nouveau mouvement de gauche.
Élections de 2018
Autre symbole de leur intégration à la vie civile, les FARC ont lancé leurs travaux par l’hymne national colombien suivi du leur, entonnés par les représentants des quelque 7000 combattants de l’ex-guérilla, et de pays garants de l’accord de paix, dont Cuba.
Le congrès doit désigner les candidats aux élections de 2018. Puis le parti sera publiquement lancé vendredi sur la place Bolivar, où se trouve le Parlement et, à deux pas, le palais présidentiel.
Un vif débat est attendu sur le nom du parti. Ivan Marquez, négociateur de la guérilla aux pourparlers de paix, a proposé Force alternative révolutionnaire de Colombie. Dimanche, dans un discours de plus de 50 minutes, il a insisté sur le fait que les FARC deviennent « un parti révolutionnaire».
Mais dans une consultation lancée mardi sur Twitter par Rodrigo Londoño, c’est Nueva Colombia (Nouvelle Colombie) qui l’a emporté avec 36 % des 10387 votes.
Pour l’analyste Frédéric Massé de l’université Externado, ce débat reflète le « dilemme » des FARC: «certains veulent garder le mot de “révolutionnaire”, d’autres voudraient changer
Le mandat de la MINUSCA doit être renouvelé mi-novembre. Faut-il modifier la taille de la mission? Son mandat?
Le mandat est extrêmement complet, comme il se doit. Étant donné l’ampleur des violences, ce n’est pas seulement une question de nombre de soldats, mais aussi de leur capacité à se projeter, si besoin, à de nombreux endroits du pays. En dehors de la capitale, Bangui, la MINUSCA est souvent la seule forme de sécurité disponible et visible. Face à cette escalade de la violence, quelle est la situation des travailleurs humanitaires et des organisations non gouvernementales ? Il y a en République centrafricaine des travailleurs humanitaires extraordinaires, dévoués et très courageux qui font un travail incroyable, sauvent des vies et protègent des civils. Mais les dangers auxquels ils font face sont intenses. Ils ont subi des pertes terribles, tout comme les soldats de la MINUSCA d’ailleurs, notamment le contingent marocain, auquel nous rendons hommage.
Nous devons absolument récolter davantage de fonds pour l’aide humanitaire. Car si nous ne pouvons pas faire face aux besoins de nourriture, d’abris, de médicaments, d’éducation, si la bulle de protection que nous offrons est insuffisante, la situation ne fera que se détériorer. Car ceux qui ont désespérément besoin d’assistance humanitaire n’auront personne d’autre vers qui se tourner que les milices.