République centrafricaine : « Si nous attendons les preuves d’un génocide, il sera trop tard »
Après une visite dans le pays en juillet, le secrétaire général adjoint pour les affaires humanitaires des Nations unies, Stephen O’Brien, lance l’alerte quant à l’escalade des violences ethniques et confessionnelles qui opposent chrétiens et musulmans.
Nommé secrétaire général adjoint pour les affaires humanitaires des Nations unies en 2015, le Britannique Stephen O’Brien, 60 ans, a effectué une visite en Centrafrique à la mi-juillet. Il s’alarme de la dégradation rapide de la situation sécuritaire.
À votre retour d’une visite en République centrafricaine, vous avez déclaré devant le Conseil de sécurité avoir vu des «signes avant-coureurs de génocide». Une mise en garde aussi forte est-elle justifiée?
Je considère que lorsque vous observez des signes précurseurs clairs, des indices de situations qui, dans le passé, ont débouché sur des opérations de nettoyage ethnique ou un génocide, il est tout à fait légitime
de soulever la question afin que tous ceux chargés de prendre les décisions aient une vision claire de la situation. Je me suis rendu à Bangassou, dans le sud du pays. J’ai vu et rencontré 2000 déplacés musulmans, chassés du quartier Tokoyo, où leurs maisons ont été détruites par des miliciens chrétiens antibalaka. Ces musulmans ont trouvé refuge dans l’église catholique de la ville. Et ils savaient que s’ils faisaient un pas en dehors de l’enceinte de l’église, des anti-balaka les attendaient dehors, dans les arbres ou dans la jungle, pour les tuer. Les miliciens annonçaient clairement leurs intentions.
En outre, si vous retournez, comme je l’ai fait, dans le quartier de Tokoyo à Bangassou, vous vous rendez compte que les antibalaka, après avoir chassé tous les musulmans, sont revenus pour détruire totalement la mosquée et leurs maisons, afin de s’assurer qu’ils n’aient plus aucun endroit où revenir. Toutes les maisons occupées par des familles chrétiennes, en revanche, étaient intactes. Cela vous montre à quel point la situation est sérieuse et inquiétante. Il y a un nombre croissant de milices basées sur la confession religieuse ou l’appartenance ethnique. J’ai senti qu’il était important d’évoquer devant le Conseil de sécurité ces indices émergents, plutôt que d’attendre les preuves. Car si nous attendons les preuves, il sera trop tard.
D’après vous, la communauté musulmane est-elle la principale cible?
À Bangassou, oui. Mais dans d’autres régions de la Centrafrique, les miliciens musulmans de l’ex-Séléka ont pris pour cible des groupes chrétiens. Ces violences ethniques et confessionnelles vont dans les deux sens. Elles sont aussi liées au manque de contrôle du gouvernement central sur une grande partie du territoire, qui fait deux fois la taille de la France. Les violences s’inscrivent dans une quête de pouvoir politique ou de contrôle des ressources, notamment minières, du pays.
Quelle a été la réaction des membres du Conseil de sécurité?
Tout le monde est d’accord sur le fait qu’il faut prendre cette situation très au sérieux et réfléchir à comment inverser ce sentiment croissant de peur et d’agression. Cette escalade de la violence à travers le pays rend d’autant plus cruciaux les efforts de renforcement du gouvernement centrafricain, ainsi que l’action de la mission de l’ONU, la MINUSCA. Il faut chercher à étendre le déploiement des Casques bleus pour les rendre aussi souples et réactifs que possible.
pour montrer que c’est un nouveau départ».
Pendant le congrès, les délégués désigneront dix représentants au Parlement, qui compte 268 sièges. Nommés pour deux mandats, ces cinq députés et cinq sénateurs devront symboliquement se présenter aux prochaines élections. L’ex-guérilla espère alors «élargir cette représentation ».
L’éventualité d’un candidat présidentiel a été écartée en décembre par Rodrigo Londoño selon lequel les FARC soutiendront la personne qui garantira le respect de l’accord.
L’ex-guérilla marxiste, fondée en 1964, appelle aujourd’hui à «une grande convergence politique qui dépasse les frontières de la gauche», selon Pastor Alape, autre membre de sa direction.
Défis à venir
«C’est un grand apport à la politique et à la démocratie en Colombie », a estimé le sénateur de gauche Ivan Cepeda; le chef du Parti communiste, Carlos Lozano, voyant lui d’un bon oeil une alliance « pour un front élargi qui parte de l’accord de La Havane ».
Mais les FARC vont affronter plusieurs défis. Pour M. Massé, elles doivent montrer «qu’elles sont capables […] de faire de la politique autrement», sans se faire absorber par les « pratiques clientélistes, mafieuses, politiciennes traditionnelles».
Tandis que l’opposition de droite brandit le spectre du «castro-chavisme», l’ex- commandant guérillero Carlos Antonio Lozada a assuré à l’AFP que le futur parti n’aura «rien à voir avec des modèles étrangers» comme les régimes cubain de Fidel Castro ou vénézuélien de Hugo Chávez.
Lourd passé
L’ex-rébellion pâtit d’une image négative, supérieure à 80% dans les sondages. Les Colombiens restent marqués par les massacres et les enlèvements qu’elle a commis.
Au fil des décennies, le conflit a impliqué les forces de l’ordre, des paramilitaires et d’autres guérillas, dont l’Armée de libération nationale (ELN) — dernière rébellion active en pourparlers de paix, qui a envoyé dimanche son «salut fraternel» aux FARC.
« Nous allons mettre en place, sans armes, le projet de société pour lequel nous avons lutté tant d’années », a déclaré à l’AFP un ex-guérillero, José Edwin Arias, 36 ans, qui a perdu ses deux mains «en manipulant des explosifs » pendant cette guerre fratricide qui a fait plus de 260 000 morts, quelque 60 000 disparus et au moins 7,1 millions de déplacés.
Mais l’optimisme n’est pas général : «Nous avons peur […] que nos leaders soient assassinés », a ajouté Efren Romaña, 53 ans dont 30 de guérilla, en référence aux meurtres d’ex-FARC répertoriés depuis l’accord de paix.