Les vacances de Trudeau chez l’Aga Khan suscitent de nouvelles questions
Justin Trudeau a conclu une réunion de deux jours de son cabinet à Terre-Neuve-etLabrador, mercredi, en répondant à un barrage de questions des journalistes sur des enjeux controversés qui risquent de le suivre au parlement dès la semaine prochaine — et tout au long de la deuxième moitié du mandat libéral.
À l’issue de cette réunion présessionnelle du cabinet, à SaintJean, le premier ministre a ainsi été talonné sur les frais de ses dernières vacances de Noël aux Bahamas, un dossier controversé qui fait l’objet d’une enquête de la commissaire aux conflits d’intérêts et à l’éthique.
Un peu plus tôt, le nouveau ministre des Anciens Combattans et proche ami de M. Trudeau, Seamus O’Regan, avait été intercepté par des journalistes à propos des plus récentes révélations sur les dépenses publiques entraînées par ce séjour dans les Caraïbes.
M. O’Regan compte parmi ceux qui avaient accompagné le premier ministre et sa famille dans ce voyage en tant qu’invités de l’Aga Khan, riche philanthrope et chef spirituel de 15 millions de musulmans chiites ismaéliens à travers le monde. Justin Trudeau martèle que l’Aga Khan — dont la fondation a reçu des millions de dollars en fonds fédéraux pour des projets de développement international — est un ami de famille.
Ce scandale a refait surface mercredi après que CBC eut obtenu des documents en vertu de la Loi sur l’accès à l’information selon lesquels ces vacances ont coûté aux contribuables plus de 215 000$ pour les services de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), de la Défense nationale, d’Affaires mondiales Canada et du Conseil privé.
Le gouvernement soutient que cette facture comprend en majeure partie des coûts de sécurité qui auraient été occasionnés peu importe la destination du premier ministre.
«Comme c’est le cas pour tout premier ministre, la GRC fournit un service de protection pour moi et ma famille, et elle fait un excellent travail, a lancé M. Trudeau. Je ne vais pas remettre en question le travail ou les choix que la GRC fait. »
Casques bleus
Les journalistes lui ont aussi demandé pourquoi son gouvernement n’avait pas encore décidé à quel endroit les Casques bleus canadiens seront déployés, alors qu’il y a un an, les libéraux avaient annoncé que le Canada contribuerait aux missions de paix des Nations unies avec un contingent pouvant aller jusqu’à 600 militaires.
M. Trudeau a répondu que son gouvernement ne prendrait pas de décision précipitée sur cette question.
Le premier ministre a aussi dû défendre l’idée de son gouvernement d’abolir des «privilèges fiscaux» dont jouissent certains professionnels et dirigeants de petites entreprises bien nantis. Ce dossier provoque des grincements de dents parmi les médecins, les avocats, les conseillers fiscaux et les commerçants qui ont incorporé leur petite entreprise pour payer moins d’impôts — ainsi qu’au sein même du caucus libéral.
M. Trudeau a maintenu que ce projet de réforme s’aligne avec son plan de faire croître la classe moyenne et de venir en aide aux petites entreprises, tout en demandant aux plus riches de faire leur part.
«Nous continuerons de nous assurer que nous relançons l’économie par des moyens qui profitent à ceux qui travaillent le plus fort. Et notre soutien aux petites entreprises et aux communautés dans lesquelles elles vivent, notre soutien à la classe moyenne, demeure inébranlable», a-t-il déclaré.
Interrogé sur un potentiel problème de communication derrière les critiques que suscitent ces dossiers, M. Trudeau a répondu: «Chaque jour représente une occasion de réfléchir sur comment nous pouvons mieux servir les Canadiens.»