Le Devoir

Deux dollars par vote pour remplacer la réforme électorale

Le Bloc québécois propose de « ressuscite­r » l’héritage de Jean Chrétien

- HÉLÈNE BUZZETTI MARIE VASTEL Correspond­antes parlementa­ires à Ottawa

Le Bloc québécois veut ressuscite­r «l’héritage» de Jean Chrétien en restaurant le financemen­t public des partis politiques fédéraux. Certains députés de Justin Trudeau trouvent l’idée bonne parce qu’elle permettra de valoriser tous les votes, même ceux recueillis par des formations marginales, un peu comme l’aurait fait la défunte réforme électorale.

Le projet de loi bloquiste, présenté cette semaine, réinstaure­rait le versement d’une subvention annuelle aux partis politiques fédéraux correspond­ant à 1,75$ par vote obtenu au dernier scrutin.

Une telle subvention a été abolie par les conservate­urs de Stephen Harper. Le projet de loi abaisserai­t également le plafond des dons annuels permis par électeur de 1500$ à 500 $ par année.

« On n’a pas réinventé la roue. On a ramené l’héritage libéral, c’est-à-dire le projet de loi qui avait été adopté sous Jean Chrétien », a fait valoir le député Michel Boudrias, parrain du projet de loi.

Puisqu’il ne compte que 10 députés, le Bloc québécois a a priori peu de chances de faire adopter sa propositio­n législativ­e. Sauf qu’au moins deux députés libéraux voient d’un bon oeil le retour d’un financemen­t étatique des partis.

L’élue de la région de Montréal Alexandra Mendès estime que ressuscite­r cette mesure pourrait compenser en quelque sorte le fait que le gouverneme­nt Trudeau a renoncé à sa promesse de réforme électorale.

«C’est une autre façon de donner de la valeur au vote», dit-elle au Devoir. «Les partis sauraient qu’ils ont une représenta­tion ne serait-ce que financière de leur poids électoral. Ce n’est plus le cas. Et cela rend le désir de la proportion­nelle plus évident.»

Son collègue de Winnipeg Robert-Falcon Ouellette note quant à lui que certaines communauté­s, comme la sienne, sont moins riches et pas nécessaire­ment en mesure de faire des dons annuels à leur parti favori.

«C’est extrêmemen­t important », dit-il. «C’est un moyen d’assurer que tous les partis politiques […], même le Parti communiste, le Parti vert ou le NPD, peuvent continuer de fonctionne­r. […] Ça encourage une diversité d’opinions.»

Mme Mendès parle du financemen­t étatique comme de « [s]on dada». Elle dit avoir abordé le sujet avec la ministre responsabl­e des Institutio­ns démocratiq­ues, Karina Gould. Intercepté­e hier, celleci ne s’est pas opposée d’emblée à l’idée. «Je vais regarder le projet de loi et commenter en temps et lieu.»

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