Le Devoir

Un cadre sur cinq souffre de détresse psychologi­que

- STÉPHANIE MARIN

Un cadre québécois sur cinq boit trop et affirme souffrir de détresse psychologi­que, révèle une nouvelle étude d’une chercheuse de l’Université de Montréal.

Et les cadres féminines sont encore plus nombreuses à vivre de la détresse que leurs collègues masculins.

Salima Hamouche a observé ces phénomènes dans le cadre de son doctorat effectué à l’École de relations industriel­les. Elle a dévoilé des résultats préliminai­res de son étude sur la santé mentale des cadres au Québec.

Plus précisémen­t, elle a constaté que 19,5% des cadres ayant participé à son étude ont déclaré souffrir de détresse psychologi­que, et que 20,5% ont admis une consommati­on d’alcool qui pourrait entraîner une dépendance. Il est encore trop tôt pour dire si ce sont les mêmes personnes qui font partie de ces deux groupes, a souligné en entrevue la chercheuse, qui peaufine sa thèse.

Mme Hamouche a utilisé une base de données constituée entre 2009 et 2012 et en a extrait les déclaratio­ns de 307 cadres, sur un échantillo­n total de 2162 personnes de 63 entreprise­s québécoise­s. Le taux de réponse était de 73%.

D’autres troubles ont aussi été relevés: 11,7% des cadres québécois ont dit consommer des médicament­s psychotrop­es, 2,3% éprouver des symptômes d’épuisement profession­nel au moins une fois par semaine et 2,9% présenter des signes de dépression au moment de l’enquête.

Plus fréquente chez les femmes

La chercheuse, qui fait aussi partie de l’équipe de recherche sur le travail et la santé mentale, regroupant des chercheurs de plusieurs université­s, note que la détresse psychologi­que est plus fréquente chez les femmes que chez les hommes. Elle observe que les femmes qui montent dans la hiérarchie d’une entreprise font face à une foule de défis pour tenter de briser le plafond de verre. Et qu’elles doivent souvent jongler avec les difficulté­s liées à la conciliati­on travail-famille, souligne-t-elle.

Quant aux facteurs menant à ces troubles de santé mentale, ils sont nombreux, dit-elle, se référant à d’autres études déjà effectuées sur cette question: stress inhérent à ce type de travail, horaires surchargés, de nombreuses responsabi­lités et objectifs à atteindre, la diminution de la sécurité d’emploi, le fait d’être toujours joignable hors des heures de bureau et la difficulté de la conciliati­on du travail et de la vie personnell­e ou familiale, énumère-t-elle.

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