L’industrie éolienne doit faire de l’éducation, selon un sondeur
Le secteur a une image positive, mais quatre Québécois sur dix le connaissent mal, dit un stratège de Léger
Àla lumière d’un récent sondage, l’industrie éolienne a une image positive dans la population québécoise, mais cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de travail d’éducation à faire, a indiqué un responsable de la firme Léger à des représentants du secteur lors de leur congrès annuel.
Selon le sondage effectué en juin auprès de 1000 Québécois, 78% des répondants sont « plutôt favorables» au développement de parcs éoliens, tandis que 42% des répondants disent «plutôt mal» et «très mal» connaître l’industrie.
«Il y a un travail à faire encore, sur ce qu’est l’éolien», a dit Éric Normandeau, stratège-conseil chez Léger Marketing, devant un auditoire de gens de l’industrie et d’investisseurs. Il s’est exprimé dans le cadre d’une table ronde qui comprenait aussi des représentants de l’industrie, du monde juridique et des relations publiques.
La table ronde, organisée dans le cadre du congrès annuel de l’Association canadienne de l’énergie éolienne, portait sur les perspectives de l’industrie. Celle-ci se trouve dans une situation où le marché québécois est fermé aux nouveaux appels d’offres pour l’instant, étant donné les surplus d’Hydro-Québec. En parallèle, le Nord-est américain a soif d’énergies renouvelables, et les experts québécois dans le domaine souhaitent profiter de cette occasion.
«Les gens associent des concepts positifs à l’éolien, a dit M. Normandeau. Toutefois, ce qui est négatif est très petit, et ça comprend les arguments économiques, comme celui selon lequel ça coûte plus cher que les grands barrages. Vous avez à travailler un argumentaire économique autour de l’industrie éolienne. »
Évolution des prix
Cet argument du coût élevé remonte aux premières années du développement de la filière éolienne. L’évolution des technologies a fait chuter les prix. Le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement a indiqué dans un rapport l’an dernier que l’éolien «devient ainsi compétitif par rapport au prix d’acquisition de nouvelle électricité provenant de sources hydroélectriques». Le prix moyen des trois projets retenus au cours du dernier appel d’offres d’Hydro-Québec était de 6,3¢/kWh.
Au chapitre de l’acceptabilité des projets dans le passé, les enjeux entourant l’implantation de sites éoliens ont porté sur les conditions de vie des populations se trouvant à proximité, l’aspect visuel, les vibrations à basse fréquence et le traitement des plaintes.
Outre les occasions commerciales qu’elle doit développer au cours des prochaines années, notamment pour les réseaux autonomes et les marchés d’exportation, l’industrie pourrait peut-être « en profiter pour aller au bout des questions d’acceptabilité sociale », a estimé Me Pierre-Luc Desgagné, ancien vice-président aux affaires corporatives et secrétaire général d’Hydro-Québec. Il travaille au cabinet Langlois depuis février 2017.
«Je vois dans ma nouvelle vie que beaucoup d’efforts ont été faits, mais que des choses ressortent parfois quand vient le temps d’installer un projet dans certaines régions, a dit Me Desgagné. L’industrie ne devrait pas attendre que de nouvelles questions fassent partie de l’espace public, elle devrait les attaquer dès le début. »
Les 39 parcs éoliens du Québec, développés en grande partie par le privé dans le cadre de quatre appels d’offres d’Hydro-Québec Distribution, ont une puissance installée d’environ 3500 MW. En guise de comparaison, les centrales hydroélectriques ont une puissance installée de 36 400MW.