Le groupe EI perd son dernier grand centre urbain en Irak
Les forces irakiennes ont repris jeudi Hawija, le dernier centre urbain qui était encore aux mains du groupe État islamique (EI) en Irak, infligeant une énième défaite à l’organisation djihadiste, en grande difficulté également en Syrie voisine.
Les troupes irakiennes sont entrées mercredi dans la ville sunnite, surnommée le «Kandahar d’Irak», en référence au bastion des talibans en Afghanistan. Elles ont vite progressé dans des quartiers désertés par leurs habitants et où le groupe EI n’a pas opposé de résistance.
Trois ans après sa fulgurante ascension en Irak et en Syrie, le groupe EI se trouve acculé dans ses derniers fiefs, subit revers après revers et voit son «califat» autoproclamé sur les régions conquises s’écrouler face aux offensives de ses adversaires soutenus par les États-Unis ou la Russie.
En Irak, il ne lui reste que les localités de Rawa et Al-Qaïm dans la province occidentale
d’Al-Anbar, située le long d’une frontière poreuse avec la Syrie.
De Paris où il est en visite, le premier ministre irakien, Haider al-Abadi, commandant en chef des forces armées, a proclamé «la libération de Hawija», à 230km au nord de Bagdad.
Dans Hawija, ville de 70 000 habitants conquise en 2014 par les djihadistes, les combattants irakiens ont célébré la victoire après avoir décroché les drapeaux du groupe EI.
La coalition internationale a
salué dans un communiqué une victoire «rapide et décisive » à Hawija. « Plus de 41 500 kilomètres carrés ont été repris et plus de quatre millions d’Irakiens libérés» depuis 2014, mais, a prévenu la coalition, «l’EI reste présent en Irak».
Environ 12 500 civils ont fui Hawija depuis le début de l’offensive le 21 septembre, selon l’ONU.
Certains ont raconté la peur de la vie quotidienne sous la coupe des djihadistes, et celle d’être utilisés comme boucliers humains, ont rapporté les humanitaires.
Désormais « libérés », ils ne sont toutefois pas au bout de leurs peines, a prévenu l’ONG Norwegian refugee council (NRC).
«Il y a des personnes âgées, des nouveau-nés, des enfants qui ne savent pas où se trouvent leurs parents. Même si l’offensive est terminée, ces civils ont toujours besoin d’obtenir rapidement de la nourriture, de l’eau, des abris et la sécurité », a dit l’ONG.
L’autre grand dossier pour l’Irak est la question kurde, les tensions ayant été exacerbées avec la tenue le 25 septembre d’un référendum d’indépendance au Kurdistan irakien (nord) qui a vu la victoire massive du Oui.
Jeudi, M. Abadi a assuré qu’il ne voulait «pas la confrontation armée », après avoir fermé l’espace aérien de cette région autonome aux vols internationaux.
Les voisins de l’Irak qui comptent des minorités kurdes ont également dénoncé le référendum. Parmi eux, la Turquie, dont le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a assuré que la frontière avec le Kurdistan irakien serait «bientôt» fermée.