Macron soulève la polémique
Paris — «Au lieu de foutre le bordel… » : une nouvelle saillie du président français Emmanuel Macron, coutumier des propos polémiques, a suscité jeudi des réactions politiques outrées brocardant «le mépris » de l’ancien banquier envers les moins nantis.
Lors d’un déplacement mercredi en Corrèze (centre), M. Macron s’entretenait avec un responsable local qui évoquait les difficultés d’une entreprise à recruter du personnel. M. Macron lui a alors répondu : «Certains, au lieu de foutre le bordel, feraient mieux d’aller regarder s’ils ne peuvent pas avoir des postes là-bas.»
Cible de la remarque de M. Macron : une délégation du syndicat de gauche CGT qui «a décidé de gêner la visite», a indiqué un porte-parole du gouvernement.
M. Macron «ne savait pas qu’il était filmé et, par conséquent, son registre de langage relevait du privé», a de son côté affirmé le porte-parole de l’Élysée, alors que le chef de l’État était pourtant à ce moment-là entouré de journalistes.
Cette polémique éclate une semaine après la présentation d’un budget auquel on reproche de favoriser les plus riches, alors même que le chef de l’État vante ses mesures en faveur des classes moyennes et des salariés.
À droite comme à gauche, on a fustigé un «président de riches » coupé des classes les plus populaires.
Pour le politologue Jérôme Sainte-Marie, la nouvelle déclaration polémique montre le vrai visage de M. Macron: «Macron parle comme on parle dans les entreprises, comme le patron de la France: il y a ceux qui bougent, qui dirigent, et les autres, les poids morts.» «Cela va ajouter au déplacement de ses soutiens vers la droite. Ses sympathisants de droite pensent un peu comme ça.»
Ce n’est pas la première fois que M. Macron provoque ce genre de remous. Avant d’être élu président, en septembre 2014, tout juste arrivé au gouvernement avec une image de technocrate brillant et d’ex-financier aisé, il avait parlé des salariées «illettrées» d’un abattoir breton, après le licenciement de près de 800 personnes.