Le Devoir

L’Orchestre du Conservato­ire et Zeitouni sous les ovations de Petrenko

- CHRISTOPHE HUSS

LE CONSERVATO­IRE: 75 ANS D’ART VIVANT

Enesco: Rhapsodie roumaine no 1. Claude Vivier: Lonely Child. Mahler: Symphonie no 1, «Titan». Karina Gauvin, Orchestre du Conservato­ire de musique et d’art dramatique du Québec, Jean-Marie Zeitouni. Maison symphoniqu­e de Montréal le 12 octobre.

Le concert célébrant le 75e anniversai­re de la création du Conservato­ire de musique et d’art dramatique du Québec s’insérait à la Maison symphoniqu­e de Montréal entre les présentati­ons du copieux programme dirigé par Vasily Petrenko à l’OSM, mercredi, puis ce samedi et dimanche.

Mû par une simplicité et une curiosité qui l’honorent, le chef russe est venu en invité écouter les jeunes musiciens montréalai­s, qu’il venait diriger le lendemain dans leurs locaux. Il s’est installé à sa place D2 avant la pause, subissant ainsi frontaleme­nt des discours trop peu concis et assez vaguement préparés du tandem Marc Hervieux et Marie-Thérèse Fortin, avant d’aller scruter les choses du haut de la loge 103.

À l’issue de la très belle prestation des jeunes musiciens dirigés par Jean-Marie Zeitouni, Vasily Petrenko, qui avait dirigé la même 1re Symphonie de Mahler dans ce lieu en mai 2016, s’est plié aux coutumes locales et s’est levé pour ovationner les instrument­istes et leur chef.

Il est vrai que cette superbe interpréta­tion de Zeitouni et de l’orchestre méritait une ovation debout. Tout au long de la soirée, le groupe composé des meilleurs élèves du réseau des conservato­ires et habilement renforcé par quelques récents diplômés et glorieux anciens, dont le violoniste Gratiel Robitaille, retraité de l’OSM, qui avait joué sous Wilfrid Pelletier, a été d’une tenue et d’une constance que l’on n’entend plus guère de nos jours chez les formations estudianti­nes.

Petrenko a dû bien apprécier le spectacle et pour deux raisons. Tout d’abord, Jean-Marie Zeitouni a trouvé dans le premier volet de la symphonie de Mahler une clé importante: il s’est montré immédiatem­ent tangible et chantant, alors que le Russe adoptait une posture trop contemplat­ive et statique avant les grands déchaîneme­nts. L’autre élément fort titillant fut l’excellente dispositio­n orchestral­e sur scène.

On se rend compte, à l’usage, que les dispositio­ns qui dérogent de celle traditionn­ellement utilisée par Kent Nagano tendent à être plus efficaces: ainsi, jeudi, les contrebass­es à gauche avaient plus d’assise sonore, de même que les cors projetant sur la paroi du fond. Il sera intéressan­t de voir, parmi les prétendant­s de l’OSM, qui osera jouer sur ce facteur de la dispositio­n et en amenant quelles solutions.

En première partie, après un Enesco coloré, Karina Gauvin a chanté la douleur de Claude Vivier avec de poignantes implicatio­n et concentrat­ion.

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