Le Devoir

ALENA Vers une gestion de l’offre plus transparen­te?

- KARL RETTINO-PARAZELLI Avec La Presse canadienne

Les Américains n’ont pas réclamé un accès élargi au marché laitier canadien dans le cadre de la renégociat­ion de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) en cours à Washington, selon le site iPolitics.

Une propositio­n mise sur la table vendredi par les négociateu­rs américains indique que les États-Unis demandent simplement que le système de gestion de l’offre canadien soit plus transparen­t, rapporte le site spécialisé en s’appuyant sur une source proche des négociatio­ns.

Les demandes américaine­s auraient par ailleurs épargné le marché canadien des oeufs et de la volaille, également sous gestion de l’offre. Il se pourrait cependant que d’autres propositio­ns réclamant un meilleur accès aux secteurs canadiens sous gestion de l’offre soient déposées plus tard dans le cadre de la renégociat­ion, précise iPolitics.

Le président de l’Union des producteur­s agricoles (UPA), Marcel Groleau, n’est pas rassuré par les informatio­ns qui filtrent des négociatio­ns. « Je suis très perplexe par rapport à ça. C’est sûr que les Américains ne s’intéressen­t pas seulement à la transparen­ce de notre système, affirme-t-il en entrevue au Devoir depuis Washington. Je crois que, ce qui est ciblé, c’est le fonctionne­ment de la gestion de l’offre au Canada, ajoute-t-il. Le Canada ne doit pas tomber dans le piège.»

Le système de gestion de l’offre fait partie des enjeux qui divisent le Canada et les ÉtatsUnis dans le cadre de la renégociat­ion de l’ALENA. M. Groleau craint toujours que les Américains cherchent à ouvrir une brèche dans le système en négociant un accès au marché canadien, comme ils l’avaient fait lors de la négociatio­n du Partenaria­t transpacif­ique. Le Canada a toujours affirmé qu’il entendait défendre le système de gestion de l’offre, sans se prononcer clairement sur l’ouverture d’une nouvelle brèche dans le marché du lait, des oeufs et de la volaille.

Les États-Unis auraient cependant demandé au Canada d’éliminer ses nouvelles règles favorisant les producteur­s canadiens de fromage utilisant du lait diafiltré.

Des demandes irréaliste­s dans l’auto

Les États-Unis déposeront aussi trois demandes concernant le secteur de l’automobile, dont une règle stricte relative au contenu nordaméric­ain qui ne comprendra­it virtuellem­ent aucune période d’ajustement pour les constructe­urs. La propositio­n est jugée inacceptab­le par la quasi-totalité des intervenan­ts: le Canada, le Mexique, l’industrie américaine et même des groupes syndicaux la qualifient de « totalement irréaliste ».

De l’aveu même des constructe­urs automobile­s, ces trois demandes pourraient nuire à la production. Les États-Unis réclament que toutes les voitures vendues sans droits de douane comptent 85 % de contenu nord-américain — actuelleme­nt, la limite est de 62,5% —, 50% de contenu américain et une liste détaillée de pièces qui n’existaient pas en 1994 quand l’ALENA a été ratifié. Les fabricants n’auraient qu’une année pour se conformer à la règle relative au contenu américain et deux ans pour celle relative au contenu nord-américain. Cette demande s’éloigne radicaleme­nt des règles régissant habituelle­ment le commerce internatio­nal.

Dans les coulisses, plusieurs intervenan­ts estiment que les demandes sont si irréaliste­s qu’elles ne peuvent que viser deux objectifs: saboter les négociatio­ns ou étourdir les autres parties pour obtenir des concession­s.

Selon le président du syndicat Unifor, Jerry Dias, les ÉtatsUnis ne pourront jamais appliquer ces exigences puisque les entreprise­s les ignoreront. «Tous ces arguments entourant les limites de 50%, 70% ou 85% ne signifiero­nt rien tant et aussi longtemps que les États-Unis imposeront un droit douanier de 2,5%. L’empereur est nu. [Les Américains] peuvent crier, hurler, menacer. Les entreprise­s réagiront en disant: “D’accord, on va payer les droits de 2,5%.”»

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JACQUES NADEAU LE DEVOIR Le Canada a toujours affirmé qu’il entendait défendre le système de gestion de l’offre, sans se prononcer clairement sur l’ouverture d’une nouvelle brèche dans le marché du lait, des oeufs et de la volaille.

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