Nucléaire iranien Donald Trump veut durcir l’accord sans en sortir
Le président américain, Donald Trump, a menacé vendredi de mettre fin «à tout moment » à l’accord international qui vise à empêcher l’Iran de se doter de la bombe atomique, provoquant l’inquiétude des autres pays signataires et ouvrant une période de grande incertitude.
S’il a prononcé un réquisitoire enflammé contre ce texte emblématique, «le pire» jamais négocié par les ÉtatsUnis, M. Trump a cependant assuré que son pays ne s’en retirerait pas pour l’instant.
Mais dans une allocution extrêmement virulente à l’encontre du régime de Téhéran, qu’il a qualifié de « dictatorial », il a précisé qu’il ne « certifierait » pas le fait que Téhéran respecte ses engagements, en dépit des assurances en ce sens de l’Agence internationale de l’énergie atomique.
« Quel est le sens d’un accord qui ne fait que retarder la capacité nucléaire de l’Iran pour une courte période ? Le président américain, Donald Trump
Son discours a provoqué une réaction virulente de Téhéran. Les États-Unis sont «plus seuls que jamais contre le peuple iranien », a lancé le président iranien, Hassan Rohani.
Moscou a immédiatement dénoncé la stratégie de l’occupant de la Maison-Blanche, très isolé sur ce dossier. La chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, a mis en garde contre la tentation de «démanteler un accord qui fonctionne et tient ses promesses ».
Inquiétude européenne
Dans un communiqué à la tonalité diplomatique mais ferme, Paris, Berlin et Londres ont rappelé que cet accord avait été l’aboutissement de «13 années de diplomatie».
La première ministre britannique, Theresa May, la chancelière allemande, Angela Merkel, et le président français, Emmanuel Macron, ont souligné qu’ils restaient « engagés » dans l’accord, appelant à sa «pleine application par toutes les parties».
«Quel est le sens d’un accord qui ne fait que retarder la capacité nucléaire de l’Iran pour une courte période?» s’est interrogé le président américain, soulignant que son gouvernement souhaitait en particulier supprimer les échéances en vertu desquelles les restrictions sur le programme nucléaire pourraient être levées progressivement après 2025.
M. Trump a également annoncé des sanctions contre certains membres des Gardiens de la révolution, l’armée d’élite iranienne.
À contre-courant des signataires de l’accord, le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, a immédiatement félicité le milliardaire républicain pour sa « décision courageuse ».
L’Arabie saoudite, monarchie sunnite du Golfe qui redoute la montée en puissance de son grand rival chiite, a salué la « stratégie ferme » de M. Trump.
«Doctrine du retrait»
Cette «non-certification» place de facto le Congrès américain en première ligne. La majorité républicaine ne semblait pas prête à réimposer des sanctions et donc à endosser la responsabilité de saborder cet accord soutenu par les autres grandes puissances mondiales.
Une solution, élaborée par deux sénateurs républicains en coordination étroite avec la Maison-Blanche et le département d’État, consisterait à voter une loi créant un nouveau seuil pour déclencher des sanctions contre l’Iran à l’avenir. Une sorte de mise à jour, unilatérale, du «JCPOA» (acronyme anglais de l’accord).
Cette annonce s’ajoute à la longue liste des accords que les États-Unis ont quittés ou menacés de quitter au cours des derniers mois: partenariat transpacifique (TPP), Accord de Paris sur le climat, Accord de libre-échange nord-américain (ALENA). Et, depuis jeudi, l’organisation onusienne UNESCO, accusée par la Maison-Blanche d’être anti-israélienne.
«La politique étrangère de Trump a trouvé un thème: la doctrine du retrait », estimait cette semaine Richard Haass, président du centre de recherche Council on Foreign Relations (CFR).