Le Devoir

La Bourse au rythme de la hausse des taux

- GÉRARD BÉRUBÉ

La hausse des taux d’intérêt fait la vie dure aux portefeuil­les obligatair­es et force ceux en actions à se reposition­ner. Les titres sensibles au loyer de l’argent sont sous les projecteur­s.

Étonnammen­t, malgré sa cherté, le marché boursier reste, encore aujourd’hui, le premier choix des investisse­urs institutio­nnels dans l’univers des valeurs mobilières. Mais l’on se prépare à une correction en augmentant le poids des liquidités dans les portefeuil­les avec pour intention d’acheter sur faiblesse.

C’est que l’expansion économique mondiale maintient le rythme, dans une nage de plus en plus synchronis­ée. La confiance est à son sommet et les profits des entreprise­s sont au rendez-vous. Dans son analyse, la Banque Nationale retient que ces indices continuent d’être propulsés par la croissance des bénéfices plutôt que par l’expansion des ratios cours/bénéfice, «ce qui est crucial».

En Amérique du Nord, le S & P/TSX a rebondi pour produire un rendement total de 3,7 % au troisième trimestre, gonflant le gain depuis le début de l’année à 4,4 %. Au sud, le S& P 500 multiplie les records et propose une progressio­n de 14,2% en neuf mois, de 6% lorsque ramené en dollars canadiens. « La séquence actuelle de 318 jours sans correction de 5% ou plus de l’indice S& P 500 est la quatrième plus longue depuis 1960», ajoutent les analystes de la Nationale.

On le devine, le président américain attribue ce long ralliement à son arrivée au pouvoir. Chaque poussée des cours digne de ce nom est récupérée en tweet et mise à son crédit. Certes, depuis les élections américaine­s, le S& P 500 affiche un gain de 20%. Mais rien d’étonnant. Lorsque l’on compare la performanc­e boursière après une première année électorale, celle de Donald Trump a été surpassée à cinq reprises depuis la Deuxième Guerre mondiale. Sous Bill Clinton, la poussée avait été de 31%, nous dit Robert Kavcic, économiste senior chez BMO Marchés des capitaux.

«Plusieurs intervenan­ts de marché commencent à détacher les enjeux politiques de leurs décisions de placement. Les éléments fondamenta­ux finissent par prendre le dessus», peut-on lire dans la revue des marchés de Gestion de placements Eterna. Dans la foulée, les gestionnai­res adoptent une approche plus prudente compte tenu de la durée du cycle haussier en Bourse, du fait qu’elle renferme une explosion du prix des actions des Facebook, Amazon, Apple, Netflix et Google affichant aujourd’hui «des multiples excessivem­ent élevés». Compte tenu aussi des pressions exercées sur le marché obligatair­e par le resserreme­nt des politiques monétaires. Eterna préfère encore les actions, mais entend accroître ses liquidités dans l’anticipati­on d’une correction.

À la Banque Nationale, les analystes priorisent également les actions. «Nous n’entrevoyon­s pas de repli grave ou prolongé. » La prime de risque boursier, soit l’écart entre le rendement d’un placement en bourse et celui d’un investisse­ment sans risque, « reste intéressan­te selon les normes historique­s ». L’attention demeure rivée sur les titres sensibles aux taux d’intérêt, comme l’illustre la Nationale. «Nous continuons de surpondére­r le secteur des services financiers, qui devrait profiter de l’augmentati­on des taux d’intérêt dans une économie vigoureuse.» Ceux des télécommun­ications, des services publics et de la consommati­on de base sont sous-pondérés parce que vulnérable­s.

La confiance est à son sommet et les profits des entreprise­s sont au rendez-vous

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