Audrey Azoulay prend les rênes de l’UNESCO sur fond de crise
La Française Audrey Azoulay a été choisie vendredi soir pour succéder à la Bulgare Irina Bokova à la tête de l’UNESCO, face au Qatari Hamad al-Kawari, au terme d’une élection riche en rebondissements, dont le retrait des États-Unis et d’Israël de cette agence internationale.
Si la conférence générale des États membres confirme, le 10 novembre, le choix du conseil exécutif, l’ancienne ministre française de la Culture deviendra ainsi la deuxième femme à diriger l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture, à un moment crucial de son histoire.
Fragilisée par ses dissensions et ses difficultés économiques, l’UNESCO, basée à Paris, a subi un coup dur avec l’annonce jeudi du départ des États-Unis et d’Israël d’ici la fin 2018, l’accusant d’être devenue anti-israélienne. «Dans un moment de crise, il faut plus que jamais s’impliquer, chercher à renforcer [l’organisation], et non pas la quitter», a déclaré Audrey Azoulay après le vote du conseil exécutif, en promettant de s’atteler le plus tôt possible à «restaurer sa crédibilité et la confiance des États membres».
De son côté, le président français, Emmanuel Macron, a fait part de sa satisfaction sur Twitter: «Félicitations à Audrey Azoulay! La France continuera à se battre pour la science, l’éducation et la culture dans le monde.»
Lors de l’ultime tour de ce scrutin très serré, entamé lundi, les 58 membres du conseil exécutif ont finalement accordé 30 voix à la Française, contre 28 au représentant qatari.
Audrey Azoulay, 45 ans, a reçu le soutien de l’Égypte, dont la candidate Moushira Khattab était arrivée deuxième ex aequo avec elle jeudi soir, mais a été éliminée vendredi dans la dernière ligne droite, lors d’un scrutin spécialement organisé pour les départager. Car le candidat du Qatar, qui faisait la course en tête depuis le début malgré la résurgence de vieux soupçons d’antisémitisme relayés par le Centre Simon Wiesenthal Europe, ne faisait pas l’unanimité des pays arabes en délicatesse avec Doha, dont l’Égypte.
En juin, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, Bahreïn et l’Égypte ont en effet rompu leurs relations diplomatiques avec le Qatar, l’accusant de soutenir des groupes extrémistes et de se rapprocher de l’Iran.
Des dissensions qui ont empêché les pays arabes de s’entendre pour arriver à faire élire un des quatre candidats de leur groupe géographique initialement en lice, alors qu’ils n’ont jamais occupé le poste et le revendiquaient haut et fort.
Avant même l’annonce de jeudi, François Chaubet, un professeur français d’histoire contemporaine, estimait d’ailleurs qu’«un des enjeux» de l’élection serait de « ramener les États-Unis dans les contributeurs ». Partis une première fois en 1984, ils étaient revenus en 2002.