Une épopée familiale
Une série documentaire nous fait entrer dans l’intimité d’une famille circassienne pas banale
L’épopée du Cirque Alfonse, qui fait l’objet d’une série documentaire sur ICI Artv, a de quoi faire sourire. Ce cirque familial, qui a fait le tour du monde au cours des dernières années, est né d’une idée toute simple : deux enfants, l’une danseuse contemporaine, l’autre artiste de cirque, décident de faire plaisir à leur père en montant un spectacle de cirque. À l’occasion des 60 ans du patriarche, ils créent donc, avec quelques alliés, le spectacle La brunante, auquel participe toute la famille.
L’expérience est si concluante que le spectacle est présenté durant quelques étés. Le Cirque Alfonse, qui réunit le frère et la soeur, Antoine et Julie Carabinier-Lépine, et leurs parents, Alain Carabinier et Louise Lépine, est né.
Et la famille en est si heureuse qu’il lui vient l’envie de continuer. C’est ainsi qu’est créé Timber, le spectacle du Cirque Alfonse inspiré de l’univers des bûcherons, qui fera le tour du monde. Suivra ensuite le spectacle Barbus, auquel les parents ne participeront pas, puis
Tabarnak !, dont la première a eu lieu l’an
dernier. «On est partis de notre petit village et on se retrouve à faire le tour du monde», dit
Julie dans le documentaire.
La série documentaire part donc en tournée aux côtés du Cirque Alfonse, notamment à Londres, où il a présenté Barbus durant trois mois, au Underbelly Festival de Camden. Depuis les débuts de la compagnie, Julie CarabinierLépine a rencontré Joe Casaubon, également artiste circassien, et le couple a eu deux enfants, Arthur et Jules. « À cinq ans, ils ont fait le
tour du monde », dit leur père, qui semble luimême surpris de l’expérience.
La caméra suit ici les artistes de cirque au jour le jour, à travers les joies et les petits tracas quotidiens. L’image romantique de la voie de saltimbanque en prend parfois pour son rhume. Alors que Barbus roule à Londres, Julie, qui ne participe pas aux spectacles, fait, comme toutes les mères, le tour des garderies pour trouver à occuper ses deux petits. Comme toutes les entreprises, le Cirque Alfonse demande des heures et des heures de travail, et le couple que forment par exemple Julie Carabinier-Lépine et Jonathan Casaubon a peu de temps pour se retrouver en famille. Et puis, la vie de famille, circassienne ou autre, compte son lot d’accrochages et de tensions.
À Londres, l’équipe doit faire face à une réception critique décevante après la première médiatique. On y est donc convié à voir les choses de l’autre côté de la scène de la vie d’artiste. Les parents, Alain Carabinier et Julie Lépine, se sentent pour leur part parfois un peu délaissés lorsque leur marmaille les laisse derrière pour continuer de courir le monde. Les parents disent d’ailleurs qu’ils ont crié de bonheur lorsque leurs enfants leur ont proposé de sauter dans l’expérience circassienne. Tout homme fort et barbu qu’il soit, Antoine Carabinier-Lépine n’en fond pas moins en larmes lorsqu’il parle de son projet. « On vit tous pour
ça» , dit-il. Sa propre conjointe, Stéphanie Morin, fait elle aussi partie du cirque.
Les trois premiers épisodes restent donc dans la quotidienneté de cette vie de bohème, explorent le poids du choix de vivre et de travailler ensemble. «Je ne suis pas capable de partir en tournée sans mes enfants», dit Julie. On verra Madonna assister à une représentation de Barbus à Londres. On est aussi convié à la représentation donnée à Joliette pour le 10e anniversaire de la compagnie et pour les 70 ans d’Alain Carabinier.
On aimerait quand même en savoir plus sur tout ce qui précède l’avènement du Cirque Alfonse, au sujet notamment du village de Saint-Alphonse-de-Rodriguez, dans Lanaudière, qui a donné son nom au cirque, et dont est issue la famille. La région est reconnue comme un berceau de la musique traditionnelle du Québec, et ça n’est sans doute pas étranger au goût des artistes du Cirque Alfonse de puiser dans le folklore traditionnel québécois. On aimerait aussi en savoir plus sur l’histoire de ce père et de cette mère qui ont décidé de plonger dans l’univers circassien au terme de leur vie active. Ainsi, on espère que la caméra quittera la quotidienneté de la tournée pour donner un aperçu du paysage dans lequel ce cirque familial a germé. Julie Carabinier-Lépine exprime d’ailleurs la tension entre le souhait des membres du cirque de demeurer petit tout en satisfaisant ses ambitions.
On verra donc ce que la suite du documentaire apportera comme éclairage nouveau. Avec
Tabarnak !, le Cirque Alfonse a puisé de nouveau dans l’imaginaire québécois, tournant cette fois autour du thème de l’Église. Le Cirque Alfonse: une affaire de famille ICI Artv, mercredi, 19 h 30