Vendre la vie, un don à la fois
Désintéressé, le don de sang? Plus avec l’explosion de médicaments de pointe que l’on tire du plasma, ce liquide jaunâtre, riche en immunoglobulines, dont le cours est désormais plus élevé que celui du pétrole. Interdit au Québec, ce commerce est en croissance dans d’autres provinces, comme l’Alberta et le Manitoba. Il est même florissant chez nos voisins du Sud, qui comptent pour 70% du marché mondial. Depuis l’Europe et les États-Unis, Le business
du sang lève le voile sur cette industrie prospère qui mise sur les bons sentiments pour étendre sa toile au mépris de valeurs morales de plus en plus élastiques. Cette croissance se fait souvent à l’insu des donneurs de bonne foi par le biais de clauses secondaires écrites en petits caractères et ensevelies sous le jargon officiel des centres de dons légitimes.
Se heurtant au mutisme des rares géants mondiaux qui gèrent ce trafic (les Baxter, Grifols ou Octapharma, qui ont tous des assises au Canada), l’équipe de reporters remonte jusqu’aux donneurs devenus vendeurs dans un marché que certains n’hésitent plus à qualifier de «nouveau cannibalisme». C’est ainsi qu’on se retrouve à Cleveland, où le don de plasma humain est devenu pour certains «l’ultime revenu» pour fermer son mois, voire négocier sa prochaine consommation de drogue, les revendeurs allant maintenant jusqu’à attendre leurs clients à la sortie des centres de prélèvement.
Fouillé et courageux, ce documentaire essentiel met le doigt sur un glissement fondamental dans une industrie appelée à croître encore avec la demande accrue de médicaments tirés du plasma sanguin. Un enjeu que la solidité de la législation québécoise ne pourra totalement éluder, sachant que 70% des immunoglobulines utilisées chez nous proviennent du marché américain. Le business du sang Télé-Québec, mercredi, 20 h. En rediffusion jeudi, 13 h