TÉLÉVISION
Les films à voir
Moon Artv, samedi, 21 h
Loin du clinquant de la science-fiction actuelle, le cinéaste Duncan Jones semble venir d’une autre planète avec ce premier long métrage. Enfant de la pub et du clip (et fils de David Bowie, ce que son nom de famille ne dit pas), il s’inspire davantage de la mélancolie de Stanley Kubrick (2001: L’odyssée de l’espace) que de l’énergie de J. J. Abrams (Star Trek). Sur une station lunaire contrôlée par un ordinateur dont la froideur n’a rien à envier à celle de HAL 9000, un travailleur dévoué et solitaire arrive au terme de sa longue mission, découvrant avec stupéfaction qu’il n’est plus seul: un clone de lui-même est sur le point de prendre sa place. Dans un double rôle étonnant, Sam Rockwell constitue le coeur de cette méditation (parfois laborieuse et un brin lancinante) sur l’identité et le temps qui passe André Lavoie
À perdre la raison TV5, dimanche, 20 h
Peu importe que vous connaissiez ou pas cet effroyable fait divers qui a secoué la Belgique en 2007, Joachim Lafosse s’est assuré que tous les spectateurs en découvrent l’issue dès le début de son film. Dans À perdre la raison, il n’installe aucune surprise, si ce n’est la progression parfois lente, parfois brutale, de la descente aux enfers d’une mère à bout de souffle. Celle-ci, interprétée avec une fragilité extrême par Émilie Dequenne, est encerclée par un mari faiblard (Tahar Rahim) et un protecteur étouffant (Niels Arestrup, une force tranquille). Souvent dans des espaces clos, au milieu de décors beiges et sans âme, elle se décompose sous nos yeux, le tout grâce à l’approche d’un cinéaste rigoureux, sensible et jamais racoleur. André Lavoie
Les petits mouchoirs Télé-Québec, dimanche, 21 h
Tous connaissent la belle gueule de l’acteur Guillaume Canet (Joyeux Noël, L’affaire Farewell), mais le visage du cinéaste s’avère beaucoup moins lisse et prévisible. D’un film à l’autre (Mon idole, Ne le dis à personne), il explore des genres différents, refusant les étiquettes réductrices. Il plonge cette fois dans les méandres du film choral et du cinéma de vacances, un art pratiqué avec talent chez les réalisateurs français. Sur le mode «les copains d’abord», il réunit d’illustres camarades trentenaires (dont François Cluzet, Benoît Magimel et Marion Cotillard) pour des vacances mouvementées sur lesquelles plane l’ombre d’un ami cloué à son lit d’hôpital, et d’autres secrets encombrants. Beaucoup de fébrilité et d’humanité, mais un récit où tous font leur petit numéro, et leur crise, ce qui dilue le plaisir des retrouvailles, du moins pour nous. André Lavoie
L’enlèvement de Michel Houellebecq TFO, mardi, 21 h
Comédie décapante du Français Nicolas Nicloux, L’enlèvement de Michel Houellebecq met en scène l’auteur de La carte et le territoire dans un docufiction inclassable et très drôle. Ce film, tourné caméra à l’épaule, imagine l’enlèvement de Houellebecq par des malfrats bébêtes et attachants. Le contraste entre les deux univers est pleinement exploité, à travers des répliques désopilantes et des situations absurdes qui éclairent de nouvelles facettes de l’écrivain, sa fragilité, sa douceur, au milieu d’aphorismes et de coups de gueule. Réjouissant! Odile Tremblay