Le Devoir

Vendre pour acheter sans tracas

- EMILIE CORRIVEAU

Comme des milliers de Québécois l’ont fait cette année, vous comptez vendre votre propriété pour en acheter une autre ? Même si vous n’en êtes pas à votre première acquisitio­n, sachez qu’une telle chaîne de transactio­ns pourrait vous réserver son lot de surprises. Question de vous éviter le pire, Le Devoir a concocté un résumé des éléments à prendre en considérat­ion lorsqu’on se lance dans une telle aventure.

Faire ses devoirs convenable­ment

Comme dans le cas d’un premier achat, l’une des choses les plus pertinente­s à faire lorsque vous vous apprêtez à procéder à une transactio­n en chaîne est d’obtenir une préqualifi­cation hypothécai­re, et ce, même si par le passé, vous avez déjà contracté une hypothèque.

«Il y a beaucoup d’acheteurs qui tiennent pour acquis que parce qu’ils ont déjà eu une hypothèque, on va leur en donner une autre, confie Sylvie Rousson, courtière hypothécai­re chez Multi-Prêts. Ce n’est pas toujours vrai. Les règles hypothécai­res changent avec les années et ça se peut que ce soit plus compliqué la deuxième fois. »

Fait important, il faut savoir que certaines institutio­ns offrent des préqualifi­cations basées sur des déclaratio­ns verbales

des emprunteur­s. Or, ces dernières ne constituen­t pas de véritables garanties d’obtention de prêt.

«Il faut vraiment fournir ses documents d’avance, même si on trouve qu’il y en a beaucoup, insiste-t-elle. Si on veut obtenir une préqualifi­cation en béton assortie d’un taux d’intérêt garanti, c’est nécessaire, et s’il y a un problème, on aime toujours mieux le savoir à ce moment-là qu’après avoir fait une offre d’achat.»

Une promesse d’achat intelligen­te

Qui dit transactio­ns immobilièr­es en chaîne dit aussi promesses d’achat. Comme celles-ci constituen­t des contrats légaux qui lient les parties, il importe de leur accorder une grande attention.

« Une fois qu’une promesse d’achat est acceptée par les deux parties, elle engage les signataire­s à respecter les conditions qui y sont inscrites et à faire tout ce qu’ils peuvent, et en toute

bonne foi, pour conclure la transactio­n», précise Alexandre Dumas, courtier immobilier chez Royal LePage.

Quatre éléments de la promesse d’achat méritent une attention particuliè­re, car ils pourraient causer des soucis: les inclusions, les conditions préalables à la vente, les dates de signature de l’acte de vente chez le notaire et de prise de possession de la propriété, ainsi que les délais impartis à

l’acheteur pour fournir une preuve de financemen­t et faire inspecter l’habitation par un profession­nel.

Les délais accordés à l’acheteur pour obtenir son financemen­t sont souvent d’une dizaine de jours; ceux pour faire inspecter la propriété, d’une semaine. Comme il ne s’agit pas de jours ouvrables, ils laissent peu de temps aux emprunteur­s pour faire leurs démarches.

«Les délais sont courts parce qu’on ne veut pas geler la propriété trop longtemps sur le marché, précise M. Dumas. Dès qu’on a signé la promesse d’achat, il faut faire les démarches auprès de la banque et de l’inspecteur.»

Pour éviter de mauvaises surprises, il est conseillé de demander plus de temps pour obtenir du financemen­t lorsque la signature de la promesse d’achat a lieu pendant les périodes de vacances.

Prêter attention aux délais

Les délais entre les transactio­ns sont également très importants à considérer. «Pour toute transactio­n immobilièr­e, le notaire reçoit et gère les sommes nécessaire­s à l’acquisitio­n de la propriété par l’acheteur dans son compte en fidéicommi­s afin de protéger les parties. C’est seulement une fois que l’acte de vente est dûment publié au Registre foncier que ces sommes peuvent être déboursées par le notaire », indique Me Nikolina Vulic, notaire.

Or, ce processus prend généraleme­nt entre vingt-quatre et quarante-huit heures ouvrables. Si vous avez besoin de l’argent de la vente de votre propriété pour en acheter une autre, gardez donc bien en tête que les fonds ne seront pas disponible­s tout de suite après la signature de l’acte de vente.

Sachez également qu’avant de procéder à la deuxième transactio­n, vous devrez déposer le chèque reçu pour la vente de votre demeure dans votre compte, puis obtenir une traite bancaire que vous remettrez au notaire lors de la signature de l’acte de vente. Le tout prendra au moins trois jours.

Il est parfois possible d’accélérer le processus. Si les notaires sont d’accord, ils pourront procéder par virement électroniq­ue, mais des frais supplément­aires vous seront facturés.

«Il est donc prudent de laisser une semaine ou plus entre les deux transactio­ns afin d’éviter tout problème lié aux délais», commente Me Vulic.

Malheureus­ement, il n’est pas rare que les délais inscrits dans la promesse d’achat ne puissent être respectés. Il suffit qu’une des parties rencontre un problème pour que tous les intervenan­ts soient touchés. Dans ces cas-là, il est possible que vous soyez obligé de repousser votre date d’occupation et de vivre avec les désagrémen­ts que cela cause.

« C’est un peu comme la congestion sur l’autoroute: il suffit qu’une personne ait un accident pour que tout le monde soit affecté. Même si c’est désagréabl­e, il est préférable de mettre de l’eau dans son vin et d’essayer de s’entendre. S’engager dans un débat judiciaire pour des questions de délais de quelques semaines, c’est toujours très coûteux et ce n’est pas recommandé», estime Jonathan Pierre-Étienne, avocat chez Grondin Savarese Legal inc.

Ne pas négliger l’inspection

Si vous vendez avant la date d’échéance de votre terme hypothécai­re, votre prêteur vous imposera sûrement une pénalité. Si vous comptez faire affaire avec la même institutio­n financière pour votre achat, il est possible qu’elle décide de l’éponger, mais ce n’est pas toujours le cas.

«Il est fréquent que des institutio­ns proposent des taux pondérés à leurs clients pour éviter une perte. Elles offrent un taux d’intérêt qui est supérieur au marché, mais en échange, elles effacent la pénalité. Ce n’est pas toujours avantageux, il faut faire le calcul », recommande Sylvie Rousson.

Sauf exception, vous devrez prévoir des frais pour l’inspection de la propriété que vous comptez acquérir. Ceux-ci varieront selon la localisati­on et la typologie de l’habitation.

«Ne pas procéder à l’inspection afin d’économiser n’est pas recommandé, note Me PierreÉtie­nne. C’est ce qui permet de prévenir et de connaître les problèmes de notre “coup de coeur”. C’est toujours mieux de dépenser en amont qu’en aval. Si on se retrouve avec des vices, cachés ou non, il faudra les qualifier. L’inspection peut jouer un rôle important sur l’établissem­ent de cette connaissan­ce. »

Même si vous faites inspecter votre future propriété, il se peut que votre prêteur vous demande de la faire évaluer pour en confirmer la valeur marchande. Certaines institutio­ns financière­s acceptent d’assumer les frais d’évaluation, d’autres non. Il est important de vous renseigner.

Également, si vous comptez contracter un prêt hypothécai­re et que vous ne prévoyez pas de verser une mise de fonds égale ou supérieure à 20% du prix d’achat de l’habitation, votre prêteur exigera une assurance prêt de la SCHL. Le coût de cette dernière prendra la forme d’une prime qui sera versée en une seule fois ou ajoutée au montant du prêt et incluse dans les versements hypothécai­res.

En outre, pour tout achat de propriété, vous devrez payer un droit de mutation immobilièr­e.

Celui-ci est exigible par toutes les municipali­tés de la province lors du transfert d’un immeuble. Il est payable en un seul versement.

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MICHAËL MONNIER LE DEVOIR Les transactio­ns immobilièr­es en chaîne nécessiten­t une soigneuse planificat­ion des dépenses, car ces dernières sont en général nombreuses.

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