Le Devoir

Penser le coeur de la métropole

- ALICE MARIETTE Collaborat­ion spéciale

Faire du coeur de Montréal un lieu attrayant et habité, voilà l’objectif de la Stratégie centre-ville proposée par le maire, Denis Coderre. Un voeu qui correspond également à la vision d’André Poulin, directeur général de Destinatio­n centre-ville. Rencontre.

«Le plus important, c’est d’avoir des logements pour les travailleu­rs du centrevill­e. Pour qu’ils ne soient pas obligés de faire des kilomètres et des kilomètres pour venir au bureau», lance d’emblée M. Poulin, représenta­nt des commerçant­s du secteur situé entre l’avenue Atwater et la rue SaintUrbai­n d’une part, et les rues Sherbrooke et Saint-Antoine de l’autre. L’homme connaît par coeur la zone que son organisme chapeaute. Il y vit en plus d’y travailler. Il souligne l’importance du plan d’action de la Stratégie centre-ville.

«Nous sommes très optimistes par rapport à ce que l’on voit dans la stratégie, notamment tout ce qui concerne le logement», précise-t-il. L’une des actions prioritair­es du plan est d’«implanter des écoles et d’offrir une diversité de logements pour les familles au centre-ville ». M. Poulin approuve cet objectif, lui qui souhaite avant tout l’occupation du secteur, pour le dynamiser et le rendre vivant. «Il ne faut pas que les gens qui viennent au bureau la journée partent ensuite le soir pour aller ailleurs. Non! Ils doivent pouvoir rester et habiter dans le quartier, répète-til. Celui-ci doit être occupé, le jour par les travailleu­rs, le soir par les résidants.»

Il assure que, si le coeur de la métropole a toujours été vivant, même après 17h, il va l’être de plus en plus dans les années à venir, grâce notamment à des actions comme celles de Stratégie centre-ville.

Accueillir les familles

La réalisatio­n de projets

« exemplaire­s » sera par ailleurs soutenue par la Stratégie centre-ville. André Poulin évoque notamment la possibilit­é de reconverti­r des ensembles institutio­nnels en intégrant dans le nouvel édifice des logements pour les familles, des services collectifs et des espaces verts. Il mentionne ainsi Union sur le parc, au coeur du village Shaughness­y, ou encore le 21e arrondisse­ment, entre le Vieux-Montréal et Griffintow­n. Le centre-ville offre dès lors de plus en plus de logements pour différents types de clientèle.

Parmi les éléments de son plan d’action, la Ville de Montréal

vise à ajouter mille logements de trois chambres et plus au centre-ville d’ici dix ans, dont une proportion significat­ive d’habitation­s abordables pour des familles accédant à la propriété. Elle souhaite aussi accueillir environ 3000 nouveaux ménages avec enfants dans la décennie à venir. « C’est

réaliste et c’est un besoin», souligne M. Poulin, qui constate que, depuis quelques années, les résidants au centre-ville sont de plus en plus nombreux.

Si, de prime abord, la cohabitati­on entre les condos de luxe et les logements sociaux n’a pas séduit le directeur général de Destinatio­n centrevill­e, il explique avoir mieux compris la nécessité de ces habitation­s abordables.

« Nous trouvions un peu délicate la stratégie de logements sociaux, et nous l’avons bien exprimé dans notre mémoire, car pour nous, la priorité est toujours d’offrir des appartemen­ts aux gens actifs, explique-t-il.

Mais en réalité, nous avons toutes sortes de travailleu­rs au centre-ville. Il y a aussi des gens qui gagnent le salaire minimum. Ils sont nécessaire­s au dynamisme du quartier et eux non plus ne devraient pas avoir à faire des kilomètres pour venir au travail.»

La Stratégie centre-ville cherche à permettre à tous ceux qui ont leur emploi dans le secteur d’y demeurer. Une vision qui concerne également les étudiants, nombreux dans cette zone qui abrite les université­s McGill et Concordia.

Réduire le nombre de voitures

André Poulin rappelle que le centre-ville compte actuelleme­nt 300 000 travailleu­rs environ, auxquels il faut ajouter les étudiants et les membres des diverses institutio­ns qui s’y trouvent. « Si nous pouvons avoir un gros parc d’habitation­s pour ces gens-là, alors nous rejoindrio­ns le mouvement insufflé par plusieurs grandes villes à travers le monde, et qui consiste à établir des projets de développem­ent durable afin d’essayer de réduire l’utilisatio­n de l’automobile », commente-t-il. L’objectif : pouvoir tout faire à pied, à vélo ou en transport en commun.

«Le modèle, c’est Manhattan, estime M. Poulin. Nous pourrions espérer être un petit Manhattan. » Selon lui, la faible proportion de véhicules par ménage des New-Yorkais vivant dans le quartier des affaires est l’exemple à suivre. « Ils n’ont pas besoin de voiture: ils peuvent aller travailler, faire leur épicerie, se divertir sans avoir des kilomètres à parcourir. C’est ce que l’on devrait espérer pour

Montréal », détaille-t-il. À cela s’ajoute la volonté d’offrir une meilleure accessibil­ité au centre-ville. En outre, il note la nécessité d’améliorer le réseau de transport en commun montréalai­s. L’une des priorités du plan est d’ailleurs la bonificati­on du réseau, notamment grâce à l’implantati­on du Réseau électrique métropolit­ain (REM).

La Stratégie centre-ville cherche à permettre à tous ceux qui ont leur emploi dans le secteur d’y demeurer

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JACQUES NADEAU LE DEVOIR Le représenta­nt des commerçant­s, Denis Poulin, veut faire du centre-ville un petit Manhattan.

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