Le Devoir

Un virage qui tarde

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La réforme du Code de la sécurité routière accuse un retard inacceptab­le, alors que cet enjeu occupe une place grandissan­te dans la campagne électorale municipale. Un projet de réforme du Code de la sécurité routière dort sur les tablettes depuis plus de trois ans à Québec. Mis à part des amendement­s sur l’emportiéra­ge et le dépassemen­t des cyclistes, le code n’a pas fait l’objet du dépoussiér­age promis en 2014 par les libéraux.

Le dernier titulaire du ministère des Transports, Laurent Lessard, n’a pas livré la marchandis­e, pas plus que ses prédécesse­urs. M. Lessard a lancé, le printemps dernier, une énième consultati­on, dont la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) a tiré une synthèse, comme l’expliquait Le Devoir dans son édition de lundi («La SAAQ appelle à un virage “sécurité”»).

Si le gouverneme­nt recherche un consensus absolu avant d’agir, il ne le fera jamais. En matière de sécurité routière, il est impossible de satisfaire à la fois les piétons, les cyclistes, les automobili­stes, les camionneur­s, les élus urbains, ceux qui se trouvent en banlieue, etc. La SAAQ en arrive cependant à relever un dénominate­ur commun. Les Québécois veulent des villes à échelle humaine où il serait possible de se déplacer en toute sécurité. C’est si simple et si complexe.

Ce virage passe par une transforma­tion de notre rapport à la route. Le Code de la sécurité routière et l’aménagemen­t des voies sont encore pensés en fonction de la fluidité de la circulatio­n. Le principe directeur de toute réforme devrait être de privilégie­r la protection de la vie humaine. La «vision zéro», appuyée par les principaux candidats à la mairie de Montréal, Denis Coderre et Valérie Plante, devrait guider toutes les villes au Québec.

Il faudra plus que des boniments et des discours creux pour réduire le bilan routier. La vision zéro vient avec la nécessité d’aménager des infrastruc­tures qui accroîtron­t la sécurité des usagers les plus vulnérable­s, les piétons (63 morts en 2016) et les cyclistes (8 morts). La vision zéro passe par une réduction des limites de vitesse, l’encadremen­t de la circulatio­n des véhicules lourds en zone urbaine, encore plus de feux prioritair­es pour les piétons et les cyclistes, le rétrécisse­ment de la chaussée aux intersecti­ons, le retour des trottoirs dans les nouveaux quartiers de banlieue. Ces changement­s ne profiteron­t pas seulement aux piétons et aux cyclistes, mais aussi aux automobili­stes fauchés par leur témérité.

La vie humaine avant la fluidité. C’est un passage obligé pour améliorer le bilan routier et la qualité de vie de tous les Québécois.

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BRIAN MYLES

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