Le Devoir

L’OIT sommée de se distancier de l’industrie du tabac

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Genève — Plus de 150 organisati­ons à travers le monde ont demandé lundi à l’OIT (Organisati­on internatio­nale du travail) de ne plus accepter de fonds venant de fabricants de tabac et de couper tous les liens avec cette industrie.

Dans une lettre adressée aux membres du conseil d’administra­tion de l’OIT, des organisati­ons gouverneme­ntales et non gouverneme­ntales de la santé et de la lutte contre le tabac ont averti que l’OIT risquait de «ternir sa réputation et l’efficacité de son travail» si elle ne mettait pas fin à ses relations avec l’industrie du tabac.

L’agence de l’ONU chargée d’établir des normes internatio­nales du travail a été critiquée pour ses partenaria­ts avec des fabricants de tabac et accusée de compromett­re les efforts en vue de réguler l’usage du tabac et de réduire ses impacts négatifs sur la santé. Le conseil d’administra­tion de l’OIT doit décider dans quelques semaines si elle doit rejoindre d’autres agences de l’ONU — en particulie­r l’Organisati­on mondiale de la santé — pour refuser de collaborer avec cette industrie.

Un défenseur

L’OIT a jusqu’à présent expliqué ses liens avec les producteur­s de tabac en disant que cela lui donnait un moyen d’aider à l’améliorati­on des conditions de travail de quelque 60 millions de personnes employées dans la culture du tabac et la production de cigarettes dans le monde. L’agence a reçu plus de 15 millions de dollars de la société Japan Tobacco Internatio­nal et de groupes liés à quelques-uns des plus grands fabricants de tabac pour «des partenaria­ts de bienfaisan­ce » destinés à réduire le travail des enfants dans les champs de tabac. Mais les auteurs de la lettre adressée lundi soulignent que ces projets n’ont qu’un impact symbolique sur cette pratique.

Mark Hurley, qui préside la Campagne pour un tabac sans enfants — une des organisati­ons signataire­s de la lettre —, a souligné l’importance de couper les liens avec cette industrie. «Les producteur­s de tabac utilisent leur appartenan­ce à des organisati­ons respectées comme l’OIT pour se donner une image de citoyens responsabl­es, alors qu’en fait ils sont la cause première d’une épidémie de tabac mondiale qui pourrait tuer un milliard de personnes dans le monde au cours de ce siècle », a-t-il averti.

Le porte-parole de l’OIT, Hans von Roland, a déclaré à l’AFP que la poursuite ou non de la collaborat­ion avec l’industrie du tabac pourrait être décidée à la fin de la réunion du conseil d’administra­tion, pendant la première semaine de novembre.

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