Les forces irakiennes prennent le contrôle de Kirkouk
Kirkouk et Bagdad— Le contre-terrorisme et la police irakienne ont pris lundi le contrôle du siège du gouvernorat de Kirkouk, désert, où seul le drapeau irakien est désormais hissé, a indiqué le général Raëd Jawdat, qui dirige la police fédérale.
Le gouverneur Najm Eddine Karim, limogé par Bagdad il y a un mois pour avoir décidé d’organiser le référendum d’indépendance kurde dans cette province disputée, n’était pas présent lors de l’entrée des forces, a indiqué une source au sein de gouvernorat.
Champ pétrolier, base et aéroport militaires: les troupes irakiennes ont rempli lundi, sans quasiment combattre, leurs objectifs dans la riche province de Kirkouk.
Les quartiers kurdes de cette ville multicommunautaire étaient le théâtre d’un exode de milliers de familles, entassées dans des véhicules qui formaient de longues files bloquant les sorties de la ville menant vers la région autonome du Kurdistan irakien.
Himen Chouani, 65 ans, parti avec sa famille, a fait porter la faute aux «politiciens à Erbil et Bagdad qui se sont affrontés pour le contrôle du pétrole ». « Les victimes, ce sont nous, les habitants de Kirkouk», a-t-il déploré.
Après l’expiration d’un ultimatum fixé par Bagdad, l’armée irakienne a repris Kirkouk, dont les Kurdes s’étaient emparés en 2014 dans le chaos né de la percée fulgurante du groupe État islamique (EI). Parmi elles figure un des six champs pétroliers de la province, ainsi qu’une base et un aéroport militaires.
À l’exception d’échanges de tirs d’artillerie dans la nuit, la progression des forces irakiennes a dans l’ensemble été facilitée par le retrait des combattants kurdes (peshmergas) de l’Union patriotique du Kurdistan (UPK) de leurs positions au sud de Kirkouk.
L’UPK est le rival du Parti démocratique du Kurdistan (PDK), du président du Kurdistan irakien Massoud Barzani.
Un responsable kurde de la Santé a toutefois fait état d’un bilan de 10 peshmergas tués.
Appels au calme
Dans un communiqué, la coalition internationale antidjihadiste a exhorté Bagdad et les Kurdes à «éviter une escalade».
Dans la nuit, le premier ministre irakien Haider al-Abadi, commandant en chef des forces armées, avait appelé ses troupes à agir «en coordination avec les habitants et les peshmergas ». Il a fait valoir que le référendum kurde du 25 septembre, contraire à la constitution selon Bagdad, avait créé un «risque de partition » de l’Irak. Son « devoir constitutionnel », a-t-il ajouté, est «d’imposer la sécurité et l’autorité fédérale» à Kirkouk.
Dans le même temps, le Commandement conjoint des opérations (JOC), qui regroupe l’ensemble des forces irakiennes engagées, a annoncé une succession d’avancées rapides.
Le JOC a indiqué que «les forces poursuivaient leur progression» et affirmé «vouloir protéger la vie des habitants kurdes, turkmènes et arabes» appelant «tous les employés et la police locale à se rendre à leur travail […] normalement, sous la protection de la police fédérale».