Bill Morneau fera don de ses profits pour faire taire l’opposition
Incapable de se défaire des critiques de l’opposition, le ministre des Finances fédéral, Bill Morneau, prend de nouvelles mesures dans le dossier de sa gestion de ses actions. Il promet de faire don de tous les profits engrangés depuis son élection lorsqu’il vendra ses parts de la compagnie familiale Morneau Shepell.
«Nous avons décidé de faire ce don. Mon objectif est de m’assurer que je fais le travail que je suis venu ici accomplir. Je suis évidemment très fier du travail que j’ai fait dans le secteur privé. Mais, bien franchement, ce travail ici est plus important », a fait valoir le ministre Morneau jeudi.
La semaine dernière, il avait promis qu’il placerait tous ses avoirs — notamment six compagnies à numéro — dans une fiducie sans droit de regard et qu’il se départirait de toutes les actions que lui, son épouse et leurs enfants détiennent dans l’entreprise Morneau Shepell.
C’est la prise de valeur de ce million d’actions, depuis l’élection de M. Morneau au gouvernement en octobre 2015, qu’il versera à des organismes de charité. Une valeur qui atteindrait environ 5,5 millions de dollars.
Le ministre n’a pas su préciser à quels organismes il verserait cette somme. Il a toutefois indiqué qu’il souhaitait notamment aider des femmes réfugiées à entreprendre des études universitaires. Compte tenu de la somme, M. Morneau risque de verser des dons à plus d’une organisation.
Le ministre a aussi fait l’annonce de ce futur don à la commissaire à l’éthique et aux conflits d’intérêts, Mary Dawson, qu’il a rencontrée en mijournée pour faire le point sur sa situation.
La commissaire « trouvait que ces actions étaient appropriées », a relaté M. Morneau. La commissaire n’a pas voulu commenter leur rencontre, ni préciser si elle avait fait d’autres recommandations au ministre quant à la gestion de ses affaires.
La commissaire a cependant indiqué au Nouveau Parti démocratique — qui lui avait demandé de faire enquête sur le projet de loi C-27 déposé par M. Morneau et qui serait, selon l’opposition, susceptible de privilégier Morneau Shepell — qu’elle allait «faire le suivi» avec le ministre sur cette question.
Le projet C-27 touche les fonds de retraite des travailleurs. Morneau Shepell se spécialise dans les ressources humaines.
Trop peu pour l’opposition
L’élan de générosité du ministre des Finances n’a cependant pas calmé l’opposition, qui y voit l’aveu même que M. Morneau a profité personnellement des décisions qu’il a prises en tant que grand argentier du gouvernement.
« Le problème avec ce ministre, c’est qu’il agit seulement correctement après qu’il s’est fait prendre à faire le contraire», a raillé le conservateur Pierre Poilievre, qui veut que M. Morneau dévoile ce qui se trouve dans ses six compagnies à numéro et dans sa fiducie familiale.
Ses actions chez Morneau Shepell pourraient atteindre 21 millions. Le ministre, lui, vaudrait des dizaines de millions, selon le Globe and Mail.
«Il ne peut pas dire qu’il est plus blanc que blanc parce qu’il fait aujourd’hui ce qu’il aurait dû faire il y a deux ans», a déclaré le néodémocrate Guy Caron en martelant que le ministre aurait dû, dès son élection, placer tous ses avoirs dans une fiducie sans droit de regard. Le NPD estime que M. Morneau n’en a toujours pas fait assez, car il ne s’est pas excusé.
Le Bloc québécois veut, de son côté, voir la liste des profits engrangés par le ministre pour chacune des décisions qu’il a prises depuis deux ans.