Le Devoir

Malaise parmi les libéraux québécois à Ottawa

- MARIE VASTEL Correspond­ante parlementa­ire à Ottawa

La possibilit­é que Justin Trudeau conteste la Loi québécoise sur la neutralité religieuse semble créer un malaise parmi ses députés québécois, qui hésitaient jeudi à se prononcer sur la question après que deux de leurs collègues se furent opposés à une inter vention d’Ottawa.

«J’ai énormément de respect pour l’Assemblée nationale. On va suivre le débat qui se présente. Mais il y a beaucoup, déjà, qui a été dit, donc je ne pense pas qu’il y ait beaucoup à rajouter là-dessus», s’est contenté de dire le ministre du Commerce internatio­nal, François-Philippe Champagne, quant à l’éventualit­é que son gouverneme­nt lance ou participe à une contestati­on judiciaire de la loi.

Le scénario envisagé par le gouverneme­nt Trudeau ne fait pas l’unanimité parmi les ministres.

Le ministre des Transports, Marc Garneau, affirmait cette semaine que le fédéral n’allait «pas s’immiscer dans un projet de loi qui vient du gouverneme­nt du Québec». Lorsque Le Devoir et La Presse canadienne lui ont demandé s’il croyait, «dans tous les cas », qu’Ottawa n’allait «pas s’en mêler», M. Garneau a répondu «oui».

Son collègue ministre de la Famille, Jean-Yves Duclos, notait pour sa part que la loi québécoise semble avoir « des problèmes d’applicatio­n importants […] mais [que] ce n’est pas au gouverneme­nt fédéral de dire au Québec comment faire la chose ».

MM. Garneau et Duclos ne seraient pas les seuls de cet avis, lequel serait partagé par une dizaine d’élus libéraux du Québec, selon nos informatio­ns. Le député Joël Lightbound a, de son côté, préféré laisser progresser le débat à Québec avant de se prononcer.

La ministre du Développem­ent internatio­nal, Marie-Claude Bibeau, n’a pas voulu non plus faire de commentair­es, arguant qu’il «y en a déjà en masse» qui le font. Son conjoint, Bernard Savigny, est le maire de Sherbrooke et le président de l’Union des municipali­tés du Québec, laquelle est intervenue dans le dossier.

Contestati­on

Malgré l’opinion divergente de certains de ses ministres, le premier ministre a gardé le cap jeudi. «Il y a encore beaucoup de questions quant à comment, et si, et où [la loi] sera appliquée et ce que cela implique réellement », a fait valoir Justin Trudeau, rapportant qu’il avait été avisé par « plusieurs Québécois » qu’ils allaient contester la loi sur la prestation et l’obtention de services à visage découvert.

« Le gouverneme­nt fédéral va continuer à faire son travail de défendre les droits des individus et nous allons étudier les moyens de faire partie du processus si c’est approprié. C’est quelque chose que nous prenons très, très au sérieux », a affirmé le premier ministre, de passage à Burlington, à l’ouest de Toronto.

L’un de ses députés québécois s’est cependant rangé dans son camp. «S’il y a une contestati­on, nous devons prendre la décision d’intervenir dans le processus », a dit David Lametti au Devoir.

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