Le Devoir

Coderre suggère une taxe sur les boissons sucrées

- JEANNE CORRIVEAU

Denis Coderre a évoqué l’idée, jeudi, d’imposer une redevance sur la vente de boissons sucrées sur le territoire montréalai­s afin de freiner les problèmes de diabète de type 2 chez les jeunes. Pourtant, il y a trois ans, son administra­tion avait refusé d’appuyer la motion d’un élu qui demandait à Québec d’imposer une taxe sur ces produits.

«On est rendus là. Étant donné qu’il y a une surconsomm­ation de ces boissons, je pense que c’est une belle occasion d’avoir ce débat», a expliqué le maire sortant en conférence de presse peu après avoir annoncé ses intentions sur son compte Twitter.

Denis Coderre n’a pas été en mesure de dire quelle somme la Ville pourrait recueillir avec cette taxe ni de préciser le pourcentag­e qui pourrait être imposé, mais il a évoqué un taux de 5%. Les revenus pourraient être versés dans un fonds voué à la santé et à la sécurité alimentair­e des enfants, a-t-il suggéré.

Motion amendée

«Je suis heureux que Denis Coderre se rende à mes arguments», a indiqué le conseiller Marvin Rotrand, qui en 2014 avait déposé une motion au conseil municipal demandant au gouverneme­nt du Québec d’étudier l’idée d’une taxe spéciale sur les boissons sucrées.

À l’époque, l’administra­tion Coderre n’avait pas voulu appuyer sa motion, qu’il avait dû modifier. La motion finalement adoptée s’est limitée à suggérer au gouverneme­nt de contraindr­e les fournisseu­rs de boissons gazeuses à réduire la teneur en calories de leurs produits.

La façon dont la Ville s’y prendrait pour imposer une telle taxe n’est pas claire non plus, compte tenu des pouvoirs qu’elle détient. Le service des finances pourrait examiner différents scénarios, a indiqué Denis Coderre.

La Coalition québécoise sur la problémati­que du poids (Coalition Poids) s’est réjouie de l’idée lancée par le maire sortant. L’organisme milite depuis des années pour l’imposition d’une taxe sur les boissons gazeuses, mais aussi pour l’implantati­on de fontaines d’eau dans les lieux publics.

«En ce moment, à Montréal, c’est plus facile de trouver une boisson sucrée que de trouver une fontaine d’eau», signale Corinne Voyer, directrice de la Coalition Poids.

Surprise de campagne

Les représenta­nts de l’industrie sont moins enthousias­tes. «Une autre belle surprise de Denis Coderre!» a lancé Pierre-Alexandre Blouin, p.d.g. de l’Associatio­n des détaillant­s en alimentati­on du Québec, qui se demande comment la Ville fera pour mettre en place une telle taxe qui ne s’appliquera­it pas ailleurs au Québec. « Déjà, les boissons gazeuses sont taxées à 15%, alors que l’eau et le lait ne le sont pas», a-t-il souligné.

«On ne pense pas qu’une taxe ou une redevance sur les boissons sucrées sont des moyens efficaces pour contrer les problèmes d’obésité», avance pour sa part Martin-Pierre Pelletier, conseiller spécial pour l’Associatio­n canadienne des boissons. Le comporteme­nt des consommate­urs change: depuis 2004, rappelle-t-il, la vente de boissons plus caloriques a baissé de 30 %.

Des villes américaine­s ont tenté de taxer les boissons gazeuses. Chicago vient de retirer sa taxe, deux mois seulement après son entrée en vigueur, compte tenu de la forte opposition. De son côté, New York a échoué dans sa tentative pour interdire les grands formats de boissons gazeuses.

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JEFF CHIU ASSOCIATED PRESS La Coalition québécoise sur la problémati­que du poids (Coalition Poids) milite depuis des années pour l’imposition d’une taxe sur les boissons gazeuses.

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