I Musici convoque Tudor chez Tiffany
LA POÉSIE DE VIVALDI Vivaldi: Concertos pour flûte op. 10 no 2, «La Notte» et no 3 «Il Gardellino». Concerto pour piccolo RV 443. Sinfonia RV 169, «Al Santo Sepolcro». Farina: Capriccio Stravagante. Jocelyne Roy (flûtes), I Musici de Montréal, Jean-Marie Zeitouni. Salle Bourgie, jeudi 26 octobre.
Jean-Marie Zeitouni et I Musici inauguraient jeudi à 11h leur nouvelle formule de concerts «I Concertini». Cette série est dérivée des anciens «Concerts Ogilvy» qui se déroulaient dans la salle Tudor du célèbre magasin du centre-ville. Ces concerts avaient fait le succès et la renommée d’I Musici. Depuis la fermeture de la salle Tudor, I Musici a beaucoup vadrouillé dans Montréal et compte bien avoir trouvé désormais la formule gagnante.
À en juger par le résultat de jeudi, l’optimisme est de mise. La Fondation Arte Musica, qui préside aux destinées de la salle Bourgie, a accepté qu’I Musici en modifie la configuration. L’orchestre est placé dans la salle à l’endroit des premières rangées. Le public entoure l’orchestre: la majorité occupe certes des places « traditionnelles », derrière le chef, mais il y a aussi des spectateurs sur les côtés et assis sur la scène.
I Musici recrée ainsi la configuration et l’ambiance qui faisaient le charme des concerts à la salle Tudor. Et comme, de jour, la salle Bourgie est magnifiquement éclairée par les vitraux Tiffany, baignés de lumière naturelle, le cadre est parfait. Ces «Concertini» se donneront trois autres fois dans la saison, à 11h et à 18h les jeudis 16 novembre, 15 février et 17 mai. Pour ma part, j’ai fait l’expérience, jeudi, derrière les violons et j’ai pris beaucoup de plaisir à voir l’interaction des musiciens avec le chef et entre eux, sans rien perdre en qualité sonore.
Le programme, consacré à Vivaldi, mettait en vedette la flûtiste Jocelyne Roy, qui s’est mise à la flûte à bec sopranino il y a un mois pour jouer le concerto RV 443 ! En la circonstance, la soliste a fait mieux que sauver les meubles ! Ce Vivaldi célébré avec joie et entrain s’est fait voler la vedette par le compositeur Carlo Farina, auteur d’un Capriccio extravagant d’une fulgurante audace pour une oeuvre du début du XVIIe siècle. Jean-Marie Zeitouni et I Musici ont fait triompher le génie de ce maître en caractérisant chaque tableau (le chat, le chien, les tambours et les fifres) sans tomber dans la caricature.