Le Devoir

Armée américaine Une juge bloque l’interdit frappant les transgenre­s

- SYLVIE LANTEAUME à Washington

Une juge américaine a bloqué lundi la décision de Donald Trump d’interdire le recrutemen­t de militaires transgenre­s, refusant en revanche de se prononcer sur la prise en charge des traitement­s médicaux de ceux travaillan­t déjà au sein de l’armée.

La juge Colleen Kollar-Kotelly, d’un tribunal fédéral de Washington, a ordonné «un retour au statu quo», c’est-àdire à une mesure emblématiq­ue du président précédent, le démocrate Barack Obama, qui avait décidé que l’armée devrait commencer à accueillir des recrues transgenre­s au 1er juillet 2017.

De fait, le jugement requiert un retour au mémorandum signé le 30 juin par le ministre de la Défense, Jim Mattis, qui remettait au 1er janvier 2018 la mise en oeuvre de cette nouvelle règle.

Le président Trump avait signé fin août un document ordonnant au Pentagone de ne plus recruter de personnes transgenre­s mais laissant au départemen­t de la Défense le soin de trancher les cas de ceux qui sont déjà enrôlés.

Concrèteme­nt, Donald Trump demandait au Pentagone «de revenir à la politique et aux pratiques appliquées de longue date dans les forces armées au sujet des personnes transgenre­s», et ce, à compter du 23 mars 2018.

Dans ce texte transmis au ministre de la Défense, M. Trump soulignait également que le Pentagone ne prendrait plus en charge les traitement­s médicaux des militaires transgenre­s travaillan­t déjà au sein de l’armée.

Sur ce point, la juge a rejeté la plainte déposée début août contre Donald Trump et le Pentagone par huit militaires transgenre­s: cinq femmes ayant souhaité garder l’anonymat — dont l’une est officière dans l’armée de terre, sur le point d’être déployée en Irak —, un homme ayant lui aussi requis l’anonymat et deux soldats identifiés, Regan Kibby, 19 ans, et Dylan Kohere, 18 ans.

Tous dénonçaien­t l’incertitud­e qui entourait leur avenir, expliquant notamment ne pas savoir s’ils conservera­ient leur poste.

La présidence américaine avait demandé le rejet pur et simple de leur plainte, arguant du fait que la nouvelle politique d’enrôlement de personnes transgenre­s n’a pas encore été mise en oeuvre.

Mais la juge a estimé que l’annonce même de la nouvelle politique avait affecté les plaignants, dont certains ont senti depuis cette annonce une nette différence dans la façon dont ils sont traités au sein de l’armée.

Une autre plainte

Dans un communiqué, l’Union américaine pour les libertés civiles (ACLU) s’est félicitée de cette décision de justice, tout en rappelant avoir déposé de son côté une plainte devant un tribunal du Maryland, au nom d’autres soldats transgenre­s.

«C’est la première décision contre l’interdicti­on du président Trump, mais ce n’est pas la dernière», a indiqué un des avocats de l’associatio­n, Joshua Block. «Les tribunaux fédéraux reconnaiss­ent ce que tout le monde sait déjà: la décision impulsive du président Trump d’interdire aux transgenre­s de servir dans l’armée est éhontément inconstitu­tionnelle. »

D’après les estimation­s, de 1320 à 15 000 personnes transgenre­s servent dans l’armée américaine, sur 1,3 million de militaires en service actif.

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MANDEL NGAN AGENCE FRANCE-PRESSE Le président américain, Donald Trump, avait signé un document ordonnant au Pentagone de ne plus recruter de personnes transgenre­s.

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