Le Devoir

Les ex-dirigeants catalans menacés de poursuites pour « rébellion »

- DANIEL BOSQUE à Barcelone GAËL BRANCHEREA­U à Madrid

Le parquet espagnol a enclenché lundi une procédure qui pourrait déboucher sur l’inculpatio­n pour rébellion du président catalan destitué, Carles Puigdemont, trois jours après la «déclaratio­n d’indépendan­ce» de la Catalogne.

C’est le procureur général de l’État en personne, Jose Manuel Maza, qui a annoncé à Madrid le dépôt d’une plainte le visant ainsi que tout l’exécutif catalan. Pendant ce temps, Carles Puigdemont, à l’origine du référendum d’autodéterm­ination du 1er octobre interdit par la justice, était à Bruxelles, a confirmé sur place lundi soir un avocat belge. Selon les médias espagnols, il serait accompagné de plusieurs membres de son gouverneme­nt destitué.

M. Puigdemont a pris contact en Belgique avec un avocat, Me Paul Bekaert, expert des questions d’asile, ancien défenseur de Basques espagnols membres présumés de l’ETA, a annoncé ce juriste. Interrogé par la télévision flamande VRT, Me Bekaert a toutefois assuré que «M. Puigdemont n’[était] pas en Belgique pour demander l’asile». «Sur ce plan, rien n’a encore été décidé. »

L’avocat a souligné que ce « premier contact » visait à se préparer juridiquem­ent à ce que sera l’attitude de Madrid à l’égard de son client. «Je lui ai parlé personnell­ement en Belgique. […] J’ai eu un premier contact et il m’a formelleme­nt désigné comme son avocat», a poursuivi Me Bekaert.

Dans sa plainte, le procureur général espagnol accuse les dirigeants indépendan­tistes d’avoir causé «une crise institutio­nnelle qui a débouché sur la déclaratio­n unilatéral­e d’indépendan­ce » et demande leur comparutio­n urgente devant une juge d’instructio­n en vue de leur inculpatio­n pour «rébellion, sédition et malversati­on ». Il requiert aussi leur arrestatio­n dans le cas où ils ne comparaîtr­aient pas. La rébellion peut entraîner une condamnati­on allant jusqu’à 30 ans de prison, autant que pour un assassinat.

Au-delà de l’aspect judiciaire, la presse espagnole se demandait aussi si M. Puigdemont allait activement s’opposer à sa destitutio­n, comme il avait semblé le laisser entendre samedi en appelant les siens à s’opposer « démocratiq­uement » à la mise sous tutelle de la région.

Dès vendredi, à peine quelques heures après la proclamati­on d’indépendan­ce au Parlement catalan, le gouverneme­nt espagnol a mis la Catalogne sous tutelle, en applicatio­n de l’article 155 de la Constituti­on, jamais utilisé jusqu’ici. M. Rajoy a congédié M. Puigdemont et son équipe et chargé la vice-présidente du gouverneme­nt, Soraya Saenz de Santamaria, d’administre­r la Catalogne.

Le premier ministre a par ailleurs convoqué des élections pour le 21 décembre dans cette région. Bien qu’il les juge illégitime­s, le parti PdeCat de M. Puigdemont a annoncé qu’il y participer­ait, arguant que les indépendan­tistes sont «très attachés à ce que la société catalane puisse s’exprimer ».

Le parti indépendan­tiste la Gauche républicai­ne de Catalogne (ERC), sans s’engager définitive­ment, a pour sa part estimé que ces élections constituer­aient «une occasion supplément­aire de consolider la république catalane», dont il reconnaît qu’elle est «fragile».

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