Le Devoir

Le Venezuela ne se déclarera « jamais » en défaut de paiement, dit son président

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Caracas — Le président vénézuélie­n, Nicolas Maduro, a affirmé que son pays ne se déclarerai­t «jamais» en défaut de paiement, dimanche avant des rendez-vous cruciaux impliquant les créanciers internatio­naux à propos de l’énorme dette publique que le Venezuela ne parvient plus à rembourser.

«Ils ont spéculé sur le fait que le Venezuela se déclarerai­t en défaut [de paiement]. Jamais! Le défaut [de paiement] ne se produira jamais au Venezuela », a asséné M. Maduro dans son interventi­on télévisée dominicale.

« Le Venezuela aura toujours une stratégie claire, et maintenant notre stratégie est de renégocier et de refinancer toute la dette», a-t-il assuré, martelant : «Que ce soit clair pour tous les créanciers et tous les agents financiers!»

Le chef d’État a également évoqué les négociatio­ns en cours avec la Chine et la Russie, des pays alliés auxquels le Venezuela doit respective­ment 28 et 8 milliards de dollars sur une dette publique totale évaluée à 150 milliards de dollars.

Les pourparler­s avec Pékin à ce sujet se déroulent « parfaiteme­nt » et un accord a été conclu cette semaine avec Moscou en vue de restructur­er environ trois milliards de dollars de créances, a-t-il ainsi souligné.

À Caracas, le président Maduro, fragilisé depuis plusieurs mois par une crise économique, politique et humanitair­e, a convoqué pour lundi une réunion de créanciers internatio­naux pour tenter de renégocier la dette.

Les observateu­rs demeurent réservés sur le succès à attendre de cette rencontre qui aura lieu à 14h (heure locale), puisque Washington interdit à ses banques et à ses citoyens d’acheter de nouvelles obligation­s ou de négocier des accords proposés par le gouverneme­nt vénézuélie­n.

Difficile dès lors d’imaginer que des créanciers américains — selon Caracas, 70% des détenteurs de bons vénézuélie­ns sont issus des États-Unis ou du Canada — se rendent à l’invitation de M. Maduro, qui accuse les États-Unis de « persécutio­n financière » visant à asphyxier le Venezuela en raison de son gouverneme­nt socialiste.

De surcroît, les deux personnes désignées par le pouvoir pour renégocier cette dette, le ministre des Finances, Simon Zerpa, et le vice-président, Tareck El Aissami, sont directemen­t frappées par des sanctions empêchant tout Américain de traiter avec eux.

En parallèle, à New York, un comité spécialisé de l’ISDA (Associatio­n internatio­nale des produits dérivés) se penchera aussi sur la question vénézuélie­nne à midi (heure locale).

Ce comité composé de 15 sociétés financière­s doit décider des suites à donner au retard récemment accumulé par Caracas dans le remboursem­ent d’une somme de 1,16 milliard de dollars, qui vendredi n’avait toujours pas été reçue par les créanciers.

À terme, toutes les agences de notation tablent sur un défaut de paiement du Venezuela, jugeant ses réserves insuffisan­tes pour tenir. Leurs avis divergent seulement sur les délais.

Un tel défaut aggraverai­t la récession au pays, dont le PIB a chuté de 36% en quatre ans.

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