Vague de soutien pour Mediapart, montré du doigt dans l’affaire Ramadan
Paris — Cent trente personnalités ont signé une tribune en soutien au site d’information français Mediapart, accusé d’avoir protégé l’islamologue suisse Tariq Ramadan, objet de deux plaintes pour viol, a indiqué dimanche Mediapart.
«Il semble bien que nous soyons confrontés ici à une campagne politique qui, loin de défendre la cause des femmes, la manipule pour imposer à notre pays un agenda délétère, fait de haine et de peur», soulignent dans cette tribune les écrivains Patrick Chamoiseau et Jean-Claude Carrière, l’économiste Thomas Piketty, la militante féministe Caroline De Haas, l’ex-député socialiste Christian Paul ou l’artiste Sarkis.
L’hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo avait titré mercredi sur une caricature du directeur de Mediapart, Edwy Plenel, accompagnée du titre Affaire Ramadan, Mediapart révèle: «on ne savait pas», en référence aux deux plaintes pour viol déposées en France contre Tariq Ramadan. Charlie Hebdo n’a pas étayé ses accusations.
Les détracteurs de Mediapart et d’Edwy Plenel leur reprochent d’avoir gardé ces faits sous silence et débattu avec Tariq Ramadan. « Mediapart est l’un des rares grands moyens d’information français à avoir publié une enquête fouillée sur Tariq Ramadan», répliquent les signataires de la tribune.
« Tout doit avoir le droit de se dire, de s’écrire et de se représenter, et cela doit être dit et répété, particulièrement pour Charlie Hebdo », affirment les signataires de la tribune, mais en ajoutant : « Nous avons aussi le droit d’écrire que la une de Charlie de cette semaine est diffamatoire, et haineuse. »
Charlie Hebdo avait été victime le 7 janvier 2015 d’une attaque terroriste qui avait fait douze morts, revendiquée par le groupe État islamique.
L’ancien premier ministre Manuel Valls dans le gouvernement Hollande a de son côté reproché à Edwy Plenel sa « complicité » avec Ramadan, que le journaliste avait par le passé qualifié d’« intellectuel très respectable ».
Les signataires de la tribune dans Mediapart dénoncent «une campagne de délation, dont l’argumentaire défie la logique, la justice et la morale». «La campagne inique menée contre Mediapart et sa rédaction est dangereuse : elle vise le symbole d’une presse libre, indépendante des pouvoirs quels qu’ils soient, au service du droit de savoir des citoyennes et des citoyens», poursuivent-ils.
Charlie Hebdo n’a pas expliqué le sens de cette une, mais son journaliste Fabrice Nicolino a déclaré jeudi sur Facebook qu’il répondrait «sur le fond » dans le prochain numéro de Charlie Hebdo.
Charlie Hebdo avait déjà consacré la une de son précédent numéro à Tariq Ramadan, représentant le théologien le pantalon déformé par un énorme sexe en érection et proclamant : « Je suis le 6e pilier de l’islam ».
Le titre VIOL La défense de Tariq Ramadan accompagnait ce dessin, qui a valu à l’hebdomadaire des menaces de mort. Le journal a porté plainte et une enquête a été ouverte.