Le Devoir

Une chambre de verre, où la femme porte l’homme sur son ventre

- CAROLINE MONTPETIT

Dans Une chambre de verre, Valérie Doucet et Julius Bitterling sont comme jumeaux. Chevelure blond cendré, regard bleu encadré de sourcils finement tracés, homme et femme dans cette cage de verre où on les regarde et où ils s’agitent, ils sont vulnérable­s et forts à la fois.

Nous sommes dans une répétition de Une chambre de verre, ce spectacle mi-danse, micirque, que présente la compagnie Nord Nord Est, à la TOHU, à partir du 14 novembre, et jusqu’au 18. C’est Benoît Landry, fondateur de la compagnie, qui en dirige la mise en scène.

Devant nous donc, Valérie Doucet, la complice de Benoît Landry sur la scène comme dans la vie, porte sur son ventre Julius Bitterling, qui doit pourtant faire deux fois son poids.

«Valérie est prudente» en performanc­e, dit Benoît Landry, lorsqu’on s’inquiète de ce corps frêle qui porte une telle charge. Mais les femmes n’ont-elles pas, de toute éternité, porté les hommes dans leurs tripes ?

La chambre de verre est d’ailleurs une réflexion sur la condition humaine, sur sa fragilité et sa force devant les éléments. «On est tellement peu de choses», dit Benoît Landry, mais «paradoxale­ment, on est aussi forts».

Le spectacle tourne autour d’une structure d’acier fabriquée pour l’occasion, qui devient tour à tour plancher et plafond de verre, avec une ouverture entre les deux, comme un lieu de passage entre deux mondes, où les fins deviennent des débuts, qui deviennent des fins à leur tour.

Pour Benoît Landry, la danse et les arts du cirque sont à la fois proches et distincts, même s’il tient à ce que la compagnie Nord Nord Est demeure ouverte à toutes les discipline­s artistique­s. Alors que l’improvisat­ion est très présente dans le monde de la danse, elle est presque impossible dans les arts du cirque, où tout est calculé au centimètre près, où les répétition­s de six heures d’affilée sont impensable­s, compte tenu de l’effort continu à fournir.

Une chambre de verre, quant à elle, est née des exploratio­ns de Valérie Doucet, et aussi de sa curiosité pour la danse. Diplômée de l’École nationale de cirque de Montréal, cette artiste remarquabl­e est à la fois équilibris­te, contorsion­niste et acrobate. Elle intègre à son jeu des éléments de danse et de théâtre physique. Elle a travaillé avec James Thierrée et avec le Cirque Éloize. Elle a participé en 2014 à la fondation de la Compagnie du poivre rose.

«Pendant un moment, on a pensé faire un spectacle solo », dit Benoît Landry. Mais une présence continue d’une heure sur scène est particuliè­rement éprouvante dans l’univers du cirque.

Benoît Landry enseignait à l’École nationale de cirque, lorsqu’il a rencontré ce gaillard qu’est Julius Bitterling, d’origine allemande, qui a été porteur dans un duo d’acrobates, et qui est aujourd’hui «voltigeur» avec Valérie Doucet. Il a réuni les deux artistes pour leur magnétisme.

La musique, quant à elle, est de Colin Gagné, qui l’a créée pour l’occasion. Le seul morceau préenregis­tré est un extrait de La cathédrale engloutie, de Debussy, qui a été adapté au spectacle. Le tout a d’ailleurs une connotatio­n aquatique, et Benoît Landry compare parfois sa Chambre de verre à un aquarium, où l’on se croit, à tort, protégé. UNE CHAMBRE DE VERRE de Benoît Landry avec Valérie Doucet et Julius Bitterling. Du 14 au 18 novembre à la Tohu.

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PEDRO RUIZ LE DEVOIR Dans le spectacle Une chambre de verre, doit faire deux fois son poids. Valérie Doucet porte sur son ventre Julius Bitterling, qui

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