Où sont nés vos voisins ?
Parc-Extension, une terre d’accueil aux mille couleurs.
À travers les villes, plusieurs quartiers se distinguent par la diversité et l’histoire des gens qui y ont élu domicile. Dans le premier texte de cette série, Le Devoir vous présente la carte postale de Parc-Extension, terre d’accueil de milliers de nouveaux Montréalais.
Si on ne devait utiliser qu’une image pour décrire le quartier Parc-Extension, on pourrait bien sûr photographier une scène de la rue Jean-Talon, où cohabitent des boutiques et des restaurants qui offrent un tour du monde en accéléré, mais une image aérienne pourrait en dire encore plus long.
Délimitée par le boulevard de l’Acadie au sud, par l’autoroute 40 à l’ouest et par une voie ferrée au nord, cette enclave est l’un de ces endroits de Montréal où beaucoup de gens passent, mais trop peu s’arrêtent. Ce quartier, l’un des plus multiethniques, des plus pauvres et des plus densément peuplés de Montréal, est pourtant le fascinant reflet des vagues d’immigration qui ont marqué l’histoire de la ville.
Derrière le comptoir de la boulangerie qu’elle gère avec son mari et son fils, Vassiliki Kallianis est par exemple issue de la vague d’immigrants grecs venus s’établir au Québec dans
les années 1960. «Quand on arrive à Montréal, on arrive ici», affirme cette dame au sujet de Parc-Extension, où elle habite depuis l’âge de 19 ans.
«Les affaires allaient bien avant, mais les gens du quartier sont de plus en plus âgés, raconte-t-elle dans un français hésitant. Ils mangent moins et plusieurs jeunes s’en vont. »
Elle retrouve son sourire lorsqu’on lui parle de Montréal. Ce qu’elle aime le plus ici ? « Les personnes, les différentes cultures», répond-elle sans hésiter.
Vagues successives
Depuis son annexion à Montréal en 1910, le quartier Parc-Extension — dont le nom provient de sa situation géographique, à l’extrémité de l’avenue du Parc — a d’abord été habité par des Canadiens français et des immigrants britanniques. Mis à part les Grecs, des immigrants italiens et d’Europe de l’Est ont notamment laissé leur empreinte au fil des décennies, jusqu’à ce que les années 1980 amènent une nouvelle vague de citoyens, cette fois venus d’Asie du Sud. De nouveaux arrivants de l’Inde, du Pakistan, du Bangladesh, mais aussi du Sri Lanka.
C’est le cas de Sarojii, une SriLankaise qu’on retrouve assise devant sa machine à coudre, au fond de sa boutique parsemée de robes multicolores. Elle ne parle pas français, comme plusieurs habitants du quartier, mais elle explique en anglais qu’elle est ravie d’avoir pu rejoindre son mari au Québec il y a huit ans.
Sa nouvelle vie à Montréal n’est pas toujours facile, mais elle ne regrette pas son choix. Ses yeux s’illuminent lorsqu’elle parle de ses enfants, qui fréquentent l’école du coin, mais aussi des personnes qu’elle rencontre chaque jour. «Je suis contente de voir des gens de partout », affirme-t-elle.
Couleur africaine
Depuis quelques années, ce sont les Africains qui font de plus en plus sentir leur présence. On retrouve beaucoup de Ghanéens, mais aussi quelques Rwandais comme Eugène Gumira. Mais à la différence des nombreux immigrants qui atterrissent dans Parc-Extension dès leur arrivée au pays, ce grand gaillard a fait son nid pendant dix ans à Montréal avant de déménager dans le quartier récemment.
Cet homme qui est à la fois un adepte de basketball, un artiste peintre et un photographe découvre encore son nouvel environnement. Il a un faible pour ce petit parc, coin Jean-Talon et Bloomfield, ou encore pour les mets indiens qu’il goûte de temps à autre. «Je m’habitue progressivement à connaître leurs noms », glisse-t-il en riant.
Dans un quartier où les mélanges culturels sont courants, il y a aussi des gens comme Cathy, dont les parents sont dominicains et cubains. Cette employée d’une boutique de perruques, qui a grandi à Montréal, a passé une bonne partie de sa vie aux États-Unis, pour ensuite revenir dans la métropole.
«Même si je déménage, je reviens toujours dans Parc-Extension. Les couleurs, les gens… On a l’impression d’être dans un autre coin de la planète», dit-elle.
«Je peux partir à New York pour six ou huit mois, mais je reviens toujours à Montréal, lance la jeune femme. J’aime Montréal. C’est là que je me sens à la maison. »
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