La prochaine Stratégie nationale sur le logement sera-t-elle à la hauteur ?
La Fédération des coopératives d’habitation intermunicipale du Montréal métropolitain se réjouit de l’élection récente de partis et de maires s’étant clairement prononcés en faveur du logement social à Montréal et à Laval. Fait inusité, le logement s’est imposé comme l’un des principaux enjeux de la campagne.
À Montréal, l’un des engagements phares de la nouvelle mairesse Valérie Plante porte sur la réalisation de 12 000 logements sociaux et abordables au cours d’un premier mandat. À Laval, le maire Marc Demers a misé sur l’adoption de la première politique en habitation, en juin dernier, pour annoncer des engagements en faveur du développement de logements sociaux.
Ces deux administrations ont maintenant le défi de financer et de mettre en oeuvre ces orientations audacieuses pour répondre aux besoins pressants d’une proportion importante de leur population. Rappelons que 40% des ménages locataires à Montréal et 36,6% à Laval consacraient en 2011 plus de 30% de leur revenu à se loger.
C’est pourquoi le lancement imminent par le gouvernement fédéral de la Stratégie nationale sur le logement revêt une grande importance, car celle-ci marquerait la fin du désinvestissement et du désengagement fédéral en matière de logements sociaux et communautaires depuis son retrait dans les années 1990.
La bonne volonté des élus municipaux et même le récent statut de métropole qui attribue à Montréal de nouveaux pouvoirs en matière de logement ne suffisent pas pour que les villes puissent pleinement atteindre leurs objectifs, notamment pour ce qui est du logement social. Celles-ci dépendent en grande partie du financement accordé par le gouvernement du Québec, dont relève la compétence du logement. À son tour, ce dernier est tributaire des transferts fédéraux. Les attentes envers les moyens qui seront déployés dans la Stratégie, et surtout envers l’enveloppe budgétaire qui y sera allouée, sont donc élevées.
Inquiétude
Certains facteurs toutefois laissent planer de l’inquiétude, notamment le fait que jusqu’ici rien n’a filtré sur le contenu de la Stratégie, alors que celle-ci représente l’aboutissement d’une large consultation entreprise peu après l’élection du gouvernement libéral. De ce processus, trois grandes revendications se sont dégagées qui ont rallié l’adhésion, à l’échelle canadienne, des différents organismes oeuvrant dans le domaine du logement social et communautaire et, de façon plus générale, de la lutte contre la pauvreté.
Au premier chef s’impose la nécessité que le gouvernement canadien maintienne sur une base permanente les subventions dont bénéficient les ménages à faible revenu vivant dans les 600 000 logements sociaux au Canada, dont 20 000 dans des coopératives d’habitation. Si rien n’est fait, les ménages bénéficiant de cette contribution qui leur permet de consacrer 25 % de leur revenu au logement seront replongés dans la pauvreté, devant alors assumer des hausses substantielles de loyer. Or, le premier ministre Trudeau, lorsqu’il était candidat dans la dernière campagne électorale, s’était engagé à maintenir ces subventions.
En deuxième lieu, le gouvernement devrait avoir à coeur la préservation du parc de logements sociaux érigé avec le soutien fédéral entre 1970 et le milieu de la décennie 1990. Bien que bénéficiant de programmes d’entretien régulier, les immeubles rénovés ou nouvellement construits à l’origine nécessitent aujourd’hui de coûteux travaux de rénovation.
La Fédération est d’avis que le gouvernement fédéral a une responsabilité dans le maintien en bon état du parc immobilier à mission sociale qu’il a aidé à constituer. La Stratégie devrait ainsi comprendre un volet financier consacré à la rénovation du bâti existant. Enfin, la Stratégie devrait clairement donner le coup d’envoi à la relance du développement du logement social au Canada.