Le Devoir

Dernière étape du procès des jeunes montréalai­s accusés de terrorisme

- AMÉLI PINEDA

Les deux jeunes Montréalai­s accusés de terrorisme étaient déterminés à se rendre en Syrie, mais espéraient laisser le moins de traces possible de leurs intentions, soutient la Couronne, qui a commencé lundi ses plaidoirie­s finales au procès du couple.

Sabrine Djermane et El Mahdi Jamali, deux anciens étudiants du collège de Maisonneuv­e, font face à trois accusation­s, soit d’avoir voulu quitter le Canada pour aller en Syrie, d’avoir été en possession d’une substance explosive dans un but criminel et d’avoir commis un acte au profit ou sous la direction d’un groupe terroriste. Le couple a été arrêté le 14 avril 2015 alors qu’il se trouvait dans un parc.

«Dans un dossier comme celui-ci, il faut regarder l’ensemble de la preuve, il ne faut pas regarder les éléments de preuve de façon séparée, un à un, [parce que sinon, ils semblent anodins]», a prévenu la procureure de la Couronne, Me Lyne Décarie.

Elle a convenu que certains éléments de preuve présentés durant le procès, pris hors contexte, pourraient sembler banals. Mais au contraire, soutient-elle, additionné­s les uns aux autres, ils représente­nt chacun une pièce importante d’un grand casse-tête.

« Être en possession de piles 9 volts semble tout à fait anodin […], probableme­nt que chaque foyer canadien a des piles dans sa maison. Mais, quand vous tenez compte de la recette [retranscri­te d’un magazine djihadiste], des ingrédient­s requis pour confection­ner une bombe, du fait que les piles sont trouvées avec d’autres ingrédient­s pour la fabricatio­n de la bombe […], la possession des piles 9 volts prend une tout autre significat­ion», a fait valoir Me Décarie.

Elle a rappelé qu’au cours d’une perquisiti­on menée dans l’appartemen­t que louait le couple sur la rue Aird dans le quartier Hochelaga-Maisonneuv­e, les policiers auraient trouvé une recette pour fabriquer une bombe, écrite par M. Jamali.

Il s’agirait d’une copie «mot à mot » d’une recette publiée par le groupe al-Qaïda dans son magazine Inspire.

Les ingrédient­s nécessaire­s à la fabricatio­n d’une bombe auraient été trouvés dans un sac à dos appartenan­t au jeune homme dans la résidence de ses parents, également fouillée par les policiers.

La procureure a demandé au jury de garder en tête que, derrière les éléments de preuve — notamment des photos, des chants, des conversati­ons —, il y a des efforts de dissimulat­ion et de camouflage.

«Le fait d’effacer des données sur son cellulaire, en soit, peut sembler un geste tout à fait anodin […], quelque chose que tous les gens font […]. Mais le faire après avoir été rencontré par les enquêteurs de la sécurité nationale de la Gendarmeri­e royale du Canada (GRC) et après avoir appris que la GRC venait les rencontrer parce qu’une plainte sur le fait qu’ils voulaient partir pour la Syrie avait été portée, le geste prend évidemment une tout autre significat­ion», a plaidé Me Décarie.

Elle a rappelé que le 10 avril 2015, à 17h17, la GRC a contacté Mme Djermane et lui a fixé un rendez-vous pour la rencontre sur la rue Aird à 19h.

À 18h59 et à 20h15, deux recherches ont été effectuées sur Internet avec les mots «GRC?» et «Que faire GRC?».

Me Décarie a aussi mentionné que des conversati­ons entre les accusés montreraie­nt qu’ils partageaie­nt du contenu djihadiste entre eux.

«Dans quel état d’esprit sont-ils ? » a-t-elle demandé.

Sabrine Djermane et El Mahdi Jamali, aujourd’hui âgés de 21 ans et 20 ans, ont choisi de ne pas présenter de défense à leur procès. Les plaidoirie­s de leurs avocats respectifs devraient être présentées cette semaine. Le jury devra ensuite délibérer dans le but de rendre un verdict avant les Fêtes.

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PHOTO DÉPOSÉE EN COUR El Mahdi Jamali et Sabrine Djermane

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