Le Devoir

L’expérience des épargnants sous la loupe des autorités

Le niveau de connaissan­ces générales est moins que reluisant, selon un sondage des agences réglementa­ires pancanadie­nnes

- FRANÇOIS DESJARDINS

Une personne sur trois n’a rien mis de côté pour la retraite ou les situations d’urgence et une sur deux ignore ce qu’elle verse à son conseiller, révèle un grand sondage effectué cet automne par les Autorités canadienne­s en valeurs mobilières (ACVM) pour les autorités réglementa­ires pancanadie­nnes. De plus, la moitié des répondants ont échoué aux questions sur les connaissan­ces générales en investisse­ment.

L’enquête menée auprès de 7271 personnes, qui en est à sa quatrième édition, se trouve au coeur du développem­ent des campagnes de sensibilis­ation dans un contexte où la littératie financière est devenue une source de préoccupat­ion.

« Il y a des choses qui sont prévisible­s, car ça bouge peu depuis quelques années, comme le nombre de Canadiens qui se font offrir des placements frauduleux», a dit Michel Gariépy, analyste en éducation financière à l’Autorité des marchés financiers. «À 18%, c’est dans les proportion­s habituelle­s.»

«Là où on voit des changement­s, c’est au niveau des gens qui utilisent les médias sociaux [comme source d’informatio­n]. Ce n’est pas hyperfréqu­ent, mais c’est à la hausse», a dit M. Gariépy. En 2017, 12% des gens ont dit se servir des réseaux sociaux pour trouver de l’informatio­n en matière de placement, contre 9% l’an dernier. Le pourcentag­e grimpe à 17% chez les femmes âgées de 18 à 34 ans, et à 30% chez les hommes du même âge.

C’est la quatrième fois que les ACVM procèdent à une enquête reposant sur un grand questionna­ire, ayant fait l’exercice en 2006, en 2009 et en 2012. Elles ont fait un sondage en 2016, mais sur la base d’un questionna­ire abrégé.

Un des résultats «inquiétant­s» concerne la vérificati­on des antécédent­s des conseiller­s financiers, ce que les Canadiens semblent faire un peu moins qu’auparavant. «Ils vont parfois faire une recherche Google avec le nom, mais très peu vont aller sur le site des organismes de réglementa­tion pour vérifier si la personne est inscrite», a affirmé Michel Gariépy. En tout, 29 % des gens ont fait une vérificati­on cette année, comparativ­ement à 38 % en 2012.

Une personne sur trois n’a rien mis de côté pour la retraite ou les situations d’urgence

Connaissan­ces générales

Par ailleurs, le sondage de 2017 contenait sept questions sur les connaissan­ces en investisse­ment, dont trois «sont utilisées dans des études internatio­nales similaires à celle-ci». Les questions abordent notamment l’intérêt, l’effet de l’inflation sur les placements et les signes d’une offre frauduleus­e. Au bout du compte, 51% des répondants ont «coulé», c’est-à-dire qu’ils ont obtenu trois bonnes réponses ou moins. Au Québec, le pourcentag­e s’est établi à 50 %.

En 2012, un sondage CROP auprès de 1500 Québécois avait placé la note moyenne des connaissan­ces à 58,5 %.

L’état général des connaissan­ces en matière de finances personnell­es et d’épargne a soulevé beaucoup d’inquiétude au cours des dernières années, si bien que le gouverneme­nt Couillard a décidé l’an dernier d’entamer le processus visant à ramener le cours d’économie financière au niveau secondaire. Ce cours avait disparu en 2009.

«Le cours d’éducation économique a été introduit cette année. Il faut s’attendre à ce que les résultats s’améliorent », selon M. Gariépy.

L’enquête a également permis de constater qu’une majorité de gens (53%) croient pouvoir réaliser leurs objectifs de placement cette année, en forte hausse par rapport à 2012 (39%).

Nouveaux relevés de compte

Le sondage a inclus cette année des questions portant sur deux aspects: les nouveaux relevés de compte expliquant la rémunérati­on du conseiller et le recours aux plateforme­s d’investisse­ment en ligne, aussi connues sous le nom de « conseiller­s robots ».

Un peu plus de 70% des répondants se souvenaien­t d’avoir reçu un tel relevé de compte, conçu de manière à augmenter la transparen­ce. De ce nombre, 48% des gens avaient été prévenus par leur conseiller, comparativ­ement à 40% qui n’avaient rien entendu à ce sujet.

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