Le Portugais Mario Centeno, un président consensuel
Bruxelles — Le ministre des Finances portugais, Mario Centeno, a été élu par ses pairs à la tête de l’Eurogroupe lundi, avec la tâche de mener à bien le lourd chantier de la réforme de la zone euro.
«C’est un honneur», a sobrement déclaré devant la presse M. Centeno, issu d’un gouvernement socialiste, en vantant « une course équitable et très démocratique». Le Portugais, qui faisait figure de favori, a été élu au deuxième tour de scrutin face au libéral luxembourgeois Pierre Gramegna.
Élu pour deux ans et demi, le chef de l’Eurogroupe préside les réunions mensuelles des ministres, dont l’objectif principal est d’assurer la coordination des politiques économiques nationales. Il fait partie de ceux dont la voix compte à Bruxelles, aux côtés des présidents de trois grandes institutions de l’UE: Jean-Claude Juncker (Commission), Donald Tusk (Conseil), Antonio Tajani (Parlement), et de la chef de la diplomatie, Federica Mogherini.
«Je sais à quel point cette position peut être exigeante et stimulante et je sais que vous avez les qualités pour la tâche à venir», a écrit au vainqueur M. Juncker, qui avait été le premier à occuper ce poste.
Mario Centeno était le grand favori pour succéder au président actuel, le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem, contraint de céder la place après deux mandats, à cause de la débâcle de son parti aux dernières élections législatives aux Pays-Bas.
Novice en politique lors de son entrée au gouvernement socialiste portugais en novembre 2015, ce professeur d’économie sans filiation partisane, qui aura 51 ans le 9 décembre, est devenu le visage de la réussite économique de son pays, jusqu’alors un des maillons faibles de la zone euro. Parfois décrit comme centriste ou libéral, il est vite devenu un des poids lourds de l’exécutif du premier ministre Antonio Costa, arrivé au pouvoir grâce à une alliance avec la gauche radicale fondée sur la volonté de «tourner la page» de la politique d’austérité du précédent gouvernement de droite.
M. Centeno devra conduire les travaux pour la réforme de la zone euro, sur laquelle les États membres se penchent depuis plusieurs mois. Achèvement de l’Union bancaire, «capacité budgétaire» pour la zone euro ou encore simplification des règles budgétaires européennes: les ministres feront un nouveau point sur ces questions qui les divisent avant un sommet de l’UE à Bruxelles le 15 décembre.