Le Devoir

Quatre dirigeants séparatist­es restent détenus

- PATRICK RAHIR à Madrid MATTHIEU DEMEESTERE à Bruxelles

La justice espagnole a refusé lundi la liberté provisoire à quatre dirigeants séparatist­es poursuivis pour leur rôle dans la tentative de sécession de la Catalogne, dont le président destitué en exil à Bruxelles qui tente d’éviter d’être extradé en Espagne.

La décision de la justice espagnole est tombée à quelques heures du lancement officiel de la campagne pour les élections régionales du 21 décembre en Catalogne, convoquées par Madrid en réponse à la proclamati­on d’indépendan­ce de cette riche région du nord-est de l’Espagne.

Le juge d’instructio­n de la Cour suprême espagnole a décidé lundi de maintenir en détention provisoire le vice-président catalan destitué, Oriol Junqueras, et trois autres inculpés, et de libérer sous caution six autres anciens « conseiller­s » (ministres) de l’exécutif catalan.

M. Junqueras, l’ancien «conseiller» de l’Intérieur Joaquim Forn et les chefs des associatio­ns séparatist­es Asemblea Nacional Catalana ANC, Jordi Sanchez (qui a démissionn­é depuis pour être candidat), et Omnium Cultural, Jordi Cuixart, resteront en prison en raison du «risque de récidive », selon un communiqué de la cour.

Les six autres dirigeants détenus ont été remis en liberté lundi soir après le paiement d’une caution de 100 000euros (150 000$CAN) chacun, versée par l’ANC.

Entre-temps, le président déchu, Carles Puigdemont, et quatre autres membres de l’ancien exécutif catalan qui s’étaient exilés en Belgique pour échapper aux poursuites ont retrouvé lundi à Bruxelles le juge chargé de statuer sur les mandats d’arrêt européens émis à leur encontre par Madrid.

Tous sont poursuivis pour avoir participé au processus de sécession de la Catalogne, qui a débouché le 27 octobre sur une proclamati­on unilatéral­e de la « République catalane ».

Le gouverneme­nt espagnol avait réagi immédiatem­ent en plaçant la région sous tutelle, destituant le gouverneme­nt régional et dissolvant le Parlement pour convoquer un nouveau scrutin à la fin du mois.

Douze des treize membres du gouverneme­nt déchu sont candidats aux élections, dont M. Puigdemont, qui prétend en cas de victoire être rétabli comme «président légitime» de l’exécutif catalan. Mais cinq seulement pourront faire campagne sur le terrain.

Sondages serrés

Le maintien en prison d’Oriol Junqueras, dont le parti Esquerra Republican­a Catalana (ERC, gauche républicai­ne) est donné gagnant dans les sondages, et des trois autres inculpés devrait dominer la campagne.

En effet, ERC, la liste de M. Puigdemont Junts per Catalunya et le petit parti d’extrême gauche de la CUP font campagne séparément, mais se rejoignent pour réclamer la libération des «prisonnier­s politiques» et dénoncer la «répression» de l’État.

«Junqueras est en prison parce qu’ils en ont peur, parce qu’ils savent que c’est le meilleur candidat», a réagi la tête de liste d’ERC, Marta Rovira.

À Bruxelles, les cinq ex-dirigeants visés par un mandat d’arrêt européen (MAE) après leur fuite en Belgique le 30 octobre ont été entendus par le juge de la chambre du conseil néerlandop­hone qui doit statuer sur leur sort. Le juge rendra sa décision le 14 décembre, ont annoncé après l’audience leurs avocats.

Le gouverneme­nt conservate­ur espagnol de Mariano Rajoy espère que le scrutin dégagera une majorité opposée à l’indépendan­ce, mais les sondages restent très serrés.

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