Le Devoir

Perdre du poids en évitant certains acides aminés

- PAULINE GRAVEL

Maintes personnes obèses et diabétique­s tentent de perdre du poids en s’imposant une diète réduite en calories, mais une telle démarche est si difficile que la plupart ne réussissen­t pas à maintenir ce nouveau régime alimentair­e.

Une nouvelle étude publiée dans The Journal of Physiology a montré que réduire la consommati­on de certains acides aminés, ces briques qui composent les protéines, permet de perdre du poids et d’améliorer le contrôle de la glycémie chez des souris devenues obèses et diabétique­s en raison de leur mauvaise alimentati­on.

Les chercheurs avaient déjà remarqué que la quantité d’acides aminés à chaîne ramifiée (AACR) — leucine, isoleucine et valine — était plus élevée dans le sang des humains et des rongeurs obèses et résistants à l’insuline.

Dans une première étude, ils ont démontré que réduire les niveaux de ces acides aminés dans la diète de jeunes souris en croissance avait des effets bénéfiques sur leur santé métaboliqu­e, puisque cela améliorait leur tolérance au glucose et préservait leur sensibilit­é à l’insuline, tout en ralentissa­nt l’accumulati­on de tissus adipeux.

Cette fois, les chercheurs ont montré qu’un régime pauvre en AACR pouvait aussi rétablir la santé métaboliqu­e de souris devenues obèses et diabétique­s en raison d’une diète occidental­e très calorique, car les souris retrouvaie­nt un poids normal et un meilleur contrôle de leur glycémie, et ce, sans restrictio­n calorique.

Plus étonnant encore, les mêmes effets bénéfiques se manifestai­ent chez les souris ayant maintenu une mauvaise alimentati­on riche en calories, en protéines, en gras et en sucres, mais dont le contenu en AACR était diminué.

Plus que nécessaire

N’est-il pas dangereux de réduire les acides aminés «essentiels » de la diète ?

«En effet, on ne peut pas les éliminer complèteme­nt, car ils sont essentiels», répond l’auteur principal de l’étude, Dudley Lamming, de l’Université du Wisconsin à Madison.

Les chercheurs ont réduit le contenu en AACR de la diète des souris de 67%, «ce qui demeure suffisamme­nt nutritif pour des souris». «Nos chercheurs en diététique estiment qu’étant donné le surpoids moyen des Américains, ceux-ci mangent probableme­nt de trois à quatre fois plus d’AACR que nécessaire, ce qui veut dire que l’on pourrait réduire ces nutriments considérab­lement dans une diète proposée à des humains», affirme le scientifiq­ue.

«Il est très difficile pour les gens d’adopter de profondes modificati­ons à leur régime alimentair­e et surtout de les maintenir. De plus petites modificati­ons, telles que la réduction des AACR, seraient plus efficaces pour réduire le diabète et l’obésité », croit-il.

«Permettre à des humains de continuer leur diète occidental­e peu saine tout en réduisant la quantité d’AACR qu’ils ingurgiten­t sera probableme­nt plus difficile [que chez les souris], car presque tous les aliments que nous consommons contiennen­t une certaine quantité d’AACR. Il sera donc assez difficile de réduire sa consommati­on d’AACR tout en continuant de manger normalemen­t.»

«Dans le futur, il serait intéressan­t de mettre au point des aliments fonctionne­ls qui ne contiendra­ient aucun AACR, poursuit M. Lamming. Mais simplement réduire sa consommati­on de protéines serait bénéfique, car des études ont montré qu’un régime pauvre en protéines permet de perdre du poids, et ce, même en consommant la même quantité de calories, voire en gardant une diète riche en sucres et en gras. »

De la dinde

L’an dernier, les chercheurs ont soumis des hommes en surpoids à une diète faible en protéines pendant six semaines. Ces individus ont ainsi perdu six livres au cours de ces six semaines, ce qui suggère qu’une telle diète pourrait s’avérer efficace aussi chez l’humain.

Pour Noël, tout le monde peut être rassuré, car la dinde est riche en protéines, mais elle contient proportion­nellement peu d’acides aminés à chaîne ramifiée.

Newspapers in French

Newspapers from Canada