Yves Francoeur persiste et signe
Le président de la Fraternité des policiers et policières de Montréal maintient ses allégations de fraude et de trafic d’influence au PLQ
Le président de la Fraternité des policiers et policières de Montréal, Yves Francoeur, n’a « pas du tout » l’intention de s’excuser pour ses allégations de fraude et de trafic d’influence, pas plus qu’il ne regrette des les avoir lancées sur la place publique.
«Je ne renierai pas mes allégations. Mes sources sont crédibles. C’était mon devoir de faire ce que j’ai fait», a-t-il martelé jeudi, dans une entrevue accordée au 98,5 FM. « Malheureusement, aujourd’hui, on est obligé de faire quoi pour que ça avance? On est obligé d’aller dans les médias.»
Le chef syndical sortait de son mutisme, deux jours après qu’une enquête menée par cinq corps policiers eut conclu qu’«aucune preuve» ne permettait d’étayer ses prétentions sur la fermeture prématurée d’une enquête en raison de pressions politiques.
Le 27 avril, au micro de l’animateur Paul Arcand, Yves Francoeur avait déclaré qu’une enquête sur «des modifications législatives en retour de contributions au Parti libéral» avait été bloquée en haut lieu parce qu’elle visait deux élus libéraux — dont un siégeait toujours à l’Assemblée nationale.
«Ce dossier-là, si ce [n’était] pas deux élus libéraux, les accusations [seraient] déjà déposées à la Cour», avait-il déclaré.
L’affaire avait éclaboussé l’ex-ministre libéral Raymond Bachand et le leader actuel du gouvernement, Jean-Marc Fournier, de même que le directeur du Service de police de la Ville de Québec et ex-directeur des enquêtes de la commission Charbonneau, Robert Pigeon.
Les deux premiers étaient montrés du doigt parce qu’ils auraient été visés par l’enquête criminelle — qui impliquait de la filature et de l’écoute électronique, selon Yves Francoeur —, tandis que le dernier était mis en cause pour avoir prétendument fait avorter l’affaire. Mardi, l’équipe policière mixte est arrivée «à la conclusion qu’aucune preuve ne démontre quelque fraude ou trafic d’influence».
« En conséquence, il n’existe pas de motifs raisonnables de croire qu’une infraction criminelle a été commise par quiconque », a-t-elle statué.
Un dossier à suivre?
Mais ce n’est peut-être pas la fin de l’histoire, selon ce qu’a déclaré Yves Francoeur.
«Qu’est-ce qui dit ce qui va survenir dans le futur? Il y a des choses que j’ai avancées sur la base — je le répète — de sources crédibles qui sont peut-être dans des enquêtes déjà en cours», a-t-il insisté. «Il y a un fondement certain», a-til aussi attesté.
Il a cependant reconnu ne pas avoir eu accès à un rapport électronique et refusé de dire s’il avait consulté quelque document de preuve que ce soit.
Le chef syndical a tout de même dit avoir basé ses allégations sur les informations détenues par six sources provenant de milieux différents. «Et selon moi, certaines de ces sources-là ne se connaissent même pas entre elles», a-t-il précisé.
À son avis, le seul fait que l’équipe mixte de policiers ait rencontré 60 personnes témoigne du sérieux de ses allégations. « J’ai rarement vu une enquête policière qui serait basée sur une déclaration non fondée et sur des sources non crédibles et où on a rencontré 60 témoins», a-t-il fait valoir.
En réponse au ministre Jean-Marc Fournier, qui réclame des excuses de sa part, Yves Francoeur a dit n’avoir nullement l’intention de faire amende honorable pour avoir simplement «fait son travail, de bonne foi ».
«[J’ai] dénoncé des choses que des gens n’osaient pas [dénoncer] à cause des postes qu’ils occupaient», a-t-il affirmé. «Je n’ai jamais mentionné de noms sur la place publique. En tout cas, je peux vous dire une chose: M. Fournier, il a l’air d’être certain, lui, que c’est lui-même. »
Yves Francoeur a néanmoins confirmé que les noms de Jean-Marc Fournier, de Raymond Bachand et de Robert Pigeon apparaissent dans la déclaration «confidentielle» qu’il a remise à la police — et qui s’est retrouvée dans les médias.
Le ministre Fournier a déploré le fait que le chef syndical ait attaqué «toutes les institutions, incluant le DPCP [Directeur des poursuites criminelles et pénales] et les policiers à l’enquête ».
«Il constate qu’Yves Francoeur refuse de lire le résultat de l’enquête qui est écrit noir sur blanc dans le communiqué: “aucune preuve”», a indiqué son attachée de presse.