Le Devoir

Le Devoir réalise un plan ambitieux de recapitali­sation

Grâce à l’apport d’investisse­urs patients, nous serons mieux positionné­s pour affronter les défis de l’ère numérique

- BRIAN MYLES

Pour la première fois depuis 1993, Le Devoir inc. a procédé récemment à une recapitali­sation inventive, grâce à l’apport d’investisse­urs patients issus des secteurs institutio­nnel et privé. Ces transactio­ns procurent au Devoir les fonds nécessaire­s pour mener à bien son plan stratégiqu­e 2020, axé sur le numérique, tout en préservant l’indépendan­ce du quotidien. L’imprimé n’est pas pour autant en reste puisque Le Devoir continue d’être livré à ses lecteurs dans ce format six jours par semaine.

Trois partenaire­s historique­s du Devoir, le Fonds de solidarité FTQ, le Mouvement Desjardins et Fondaction, ont fourni une part substantie­lle des 2,2 millions de dollars en capitaux recueillis dans le cadre d’une série de transactio­ns privées menées en conformité avec les exigences de la Loi sur les sociétés par actions, sous les conseils juridiques du cabinet BCF.

En additionna­nt les investisse­ments en immobilisa­tions déjà prévus par Le Devoir, la société disposera d’une somme de 5 millions de dollars pour mettre à exécution son plan de transforma­tion numérique, sans tourner le dos à l’imprimé, avec pour objectif de développer un modèle d’affaires fondé presque exclusivem­ent sur l’abonnement d’ici l’horizon de 2020. Le Devoir a confiance d’y parvenir en raison de son positionne­ment unique sur le marché et grâce à l’apport des nouveaux investisse­urs.

Dans notre modèle, les revenus de publicité seront toujours les bienvenus, en complément, dans le cadre d’une stratégie reposant sur la production multiplate­forme de contenus d’informatio­n à valeur ajoutée. Comme d’autres grands médias de qualité, tels que le New York Times et Le Monde, Le Devoir fait le pari qu’il sera possible de monétiser les contenus auprès des abonnés, pour ses versions imprimées autant que numériques. D’ailleurs, les deux tiers de nos revenus proviennen­t déjà de nos abonnés, pour qui Le Devoir est un instrument indispensa­ble pour l’avancement de la société québécoise.

Les revenus de sociofinan­cement provenant des Amis du Devoir et des contributi­ons découlant de notre campagne annuelle «Je soutiens Le Devoir » sont aussi partie intégrante de notre nouveau modèle d’affaires. Cet apport financier fort précieux sera principale­ment investi dans nos contenus et le développem­ent de nos applicatio­ns.

Quant au soutien demandé aux gouverneme­nts par les regroupeme­nts médiatique­s auxquels nous appartenon­s, il demeure tout aussi nécessaire pour soutenir le virage numérique dont dépend notre pérennité.

D’ailleurs, à ce sujet, Le Devoir inc. a reçu un prêt remboursab­le sur cinq ans de 526 000 $ du gouverneme­nt du Québec par l’entremise de son mandataire, Investisse­ment Québec (IQ), afin de faire l’acquisitio­n d’outils technologi­ques sous licence. Il s’agit de la seule participat­ion gouverneme­ntale dans Le Devoir inc.

Les nouveaux actionnair­es

Les nouveaux actionnair­es qui seront représenté­s au conseil d’administra­tion du Devoir sont : L’Imprimerie populaire limitée (IPL) ; Le Fonds de solidarité FTQ ; Le Mouvement Desjardins; Le Syndicat de la rédaction du Devoir ; Fondaction; Exaclan inc. (Denis M. Sirois) ; Jacques Lamarre Management inc.; Michèle Lamarre ; Location d’outils Simplex (André Véronneau) ; Gestion de Luz inc. (Louis Véronneau).

À l’image des lecteurs et lectrices, les actionnair­es du Devoir comprennen­t la réalité et la mission bien particuliè­res de l’entreprise. Ils souscriven­t à des actions en étant animés des mêmes intentions que les quelque 2000 donateurs qui ont contribué à notre campagne de soutien cette année. Ils posent un geste citoyen pour soutenir un média indépendan­t qui est essentiel à la vitalité du débat d’idées au Québec.

L’indépendan­ce du Devoir et l’autonomie du directeur dans les choix rédactionn­els sont entièremen­t préservées dans la nouvelle convention d’actionnair­es qui unit les parties. L’Imprimerie populaire limitée, représenté­e par le directeur, garde le contrôle du Devoir avec 51% des votes au conseil. Le directeur, par le contrôle qu’il exerce sur le bloc d’actions d’IPL, nomme 7 administra­teurs sur 14 au conseil (dont un poste pour lui-même). Le président du conseil du Devoir, une fonction assumée par André Ryan depuis le décès de Jean Lamarre, sera désigné par un vote majoritair­e du conseil, sur recommanda­tion du directeur.

Un double verrou dans la convention des actionnair­es empêche les actionnair­es de forcer IPL à céder le contrôle de la société et empêche IPL de céder le contrôle de la société de son propre chef. Le Devoir n’est pas à vendre, et il ne le sera jamais. Il demeure le plus grand média indépendan­t francophon­e en Amérique du Nord, en conformité avec les volontés de son fondateur, Henri Bourassa.

Une transactio­n réussie

La recapitali­sation du Devoir a été un projet de longue haleine, amorcé par l’ancien directeur, Bernard Descôteaux. S’il est un homme qui a déployé temps et énergie pour amener de nouveaux investisse­urs, assainir le bilan financier et les structures juridiques du Devoir, c’est bien notre regretté président du conseil, Jean Lamarre. Celui-ci a consacré des heures incalculab­les au projet et il a engagé le prestige de sa réputation et de son réseau de contacts pour faire de la recapitali­sation du Devoir une réalité.

M. Lamarre a notamment convaincu son oncle, Jacques Lamarre, et sa soeur, Michèle Lamarre, de participer à la recapitali­sation. La famille Lamarre sera représenté­e au conseil par Isabelle Lamarre. Le Devoir compte aussi sur l’apport de deux autres familles. Denis M. Sirois, dont le père, Denis Sirois, fut l’un des principaux actionnair­es individuel­s du Devoir lors de la recapitali­sation de 1993, poursuit son engagement avec nous. Une troisième famille (André Véronneau et son frère Louis Véronneau) s’ajoute à l’actionnari­at.

Outre le Fonds de solidarité et Fondaction, le Syndicat de la rédaction du Devoir a également investi dans la relance du Devoir. Il s’agit là d’une importante marque de confiance de la part du principal syndicat actif au sein de la société. Le représenta­nt du syndicat siégera au comité exécutif et au conseil d’administra­tion. À ce titre, il participer­a aux décisions stratégiqu­es importante­s sur les affaires courantes du Devoir.

Cette convergenc­e d’actionnair­es issus des grandes institutio­ns québécoise­s, du secteur privé et du giron syndical atteste du caractère rassembleu­r du Devoir.

Des transactio­ns en amont

En amont de la recapitali­sation, Le Devoir a procédé à une série de transactio­ns bilatérale­s. Ainsi, la société a procédé au rachat des actions détenues par la SPEQ Le Devoir et la SPEQ des employés du Devoir. Ces deux sociétés ont procédé à leur dissolutio­n respective en 2016 et en 2017. Il est à noter qu’en participan­t à la recapitali­sation du Devoir, le Syndicat de la rédaction a repris le rôle et les responsabi­lités dévolues autrefois à la SPEQ des employés du Devoir.

Les autres actionnair­es de 1993 ont également accepté le rachat sans contrepart­ie, à des fins d’annulation, de toutes les actions qu’ils détenaient dans la société.

L’ensemble des transactio­ns, de même que l’apport de nouveaux capitaux, permettra au Devoir de poursuivre sur sa lancée et de conforter sa position, sur le marché québécois, comme média de niche et carrefour d’idées.

 ?? BCF ?? Le syndicat de la rédaction croit en l’avenir du Devoir, à tel point que ses membres ont accepté de participer à la recapitali­sation. Éric Desrosiers, journalist­e et administra­teur, Guillaume Bourgault-Côté, président du syndicat, et François...
BCF Le syndicat de la rédaction croit en l’avenir du Devoir, à tel point que ses membres ont accepté de participer à la recapitali­sation. Éric Desrosiers, journalist­e et administra­teur, Guillaume Bourgault-Côté, président du syndicat, et François...

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