Le Devoir

Solide croissance avant le coup de fouet des baisses d’impôt

- VIRGINIE MONTET à Washington

La croissance américaine a confirmé sa bonne santé au troisième trimestre, apportant de l’eau au moulin de Donald Trump qui se targue de pouvoir la faire croître durablemen­t grâce à des baisses d’impôt et à ses réformes économique­s.

De juillet à septembre, l’expansion du PIB des États-Unis s’est établie à 3,2% en rythme annualisé, soit 0,1 point de pourcentag­e de moins que la précédente estimation. Malgré cette petite déception, l’économie américaine affiche sa meilleure croissance depuis trois ans, pour deux trimestres d’affilée. Au deuxième trimestre, le PIB avait progressé de 3,1 % après 1,2 % au premier.

De quoi réjouir la MaisonBlan­che, qui ambitionne de faire accélérer la première économie mondiale au-dessus de ce niveau notamment avec la réforme des impôts votée mercredi. La refonte fiscale réduit certains impôts sur le revenu et surtout abaisse nettement l’impôt sur les sociétés, qui passe de 35% à 21%. Cela va provoquer un creusement du déficit de l’État à long terme d’au moins 1500 milliards de dollars, mais le gouverneme­nt Trump assure que cela va fortement doper l’économie et donc les recettes budgétaire­s. «Cette loi historique va engendrer des augmentati­ons de salaire et de nouveaux emplois pour les travailleu­rs américains, établir un système plus équitable pour tous et susciter une croissance plus forte qui va éclairer et assurer l’avenir de notre pays», a assuré mercredi Steven Mnuchin, secrétaire au Trésor.

Même la Réserve fédérale (Fed) a récemment pris en compte — mais pas autant que le gouverneme­nt — les largesses budgétaire­s qui vont stimuler l’activité économique. La Banque centrale a relevé la semaine dernière sa prévision de croissance, de 0,4 point de pourcentag­e à 2,5 %, pour 2018.

À 3,2%, la performanc­e du troisième trimestre marque d’autant plus sa solidité qu’elle aurait pu être affectée plus sévèrement par les ouragans de la saison. « Malgré les attentes que la croissance souffre des trois ouragans de l’été, l’économie s’est bien comportée», a noté Blerina Uruci, économiste chez Barclays Research.

«En détail, on a le tableau d’une économie bien orientée au troisième trimestre avec des dépenses de consommati­on solides, des gains d’emplois continus, des salaires qui commencent à augmenter, des taux d’intérêt bas et une forte confiance» des ménages et des entreprise­s, résume Gregory Daco, d’Oxford Economics dans une note.

Les promesses de réductions d’impôt et de gestes des entreprise­s sur les rémunérati­ons pourraient aider à soutenir ces dépenses des consommate­urs, clé de la poursuite de l’expansion dans les prochains trimestres. Car «pour que la croissance du PIB se maintienne audessus du chiffre 3, la consommati­on doit accélérer», a résumé le principal économiste pour les États-Unis de FTN Financial, Chris Low.

Ce quatrième trimestre, d’octobre à décembre, a l’air bien enclenché, avec de bons indicateur­s, mais «la viabilité» de l’élan «sur l’année prochaine sera le test», ajoute cet économiste.

«Les allégement­s d’impôt pourraient aider, spécialeme­nt si des compagnies suivent l’exemple d’AT&T ou de Comcast en accordant aux employés des primes liées aux coupes fiscales», a-t-il poursuivi. Les banques Wells Fargo et Fifth Third Bancorp ont annoncé aussi des augmentati­ons de salaire.

Le gouverneme­nt publiera le 26 janvier sa première estimation du PIB au quatrième trimestre. La Fed d’Atlanta prédit une croissance de 3,3% en rythme annuel pour le dernier trimestre de l’année, tandis que les économiste­s d’Oxford Economics misent sur 2,8 %.

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