LES TROTTOIRS CHAUFFANTS MIS SUR LA GLACE
Les difficultés vécues avec le chauffage de la place Vauquelin font hésiter Valérie Plante
L’administration de la mairesse Valérie Plante remet très sérieusement en question le projet d’installer des trottoirs chauffants sur la rue Sainte-Catherine. Une expérience semblable tentée sur la place Vauquelin n’a pas donné de résultats satisfaisants jusqu’à présent. Le projet de réfection de la rue Sainte-Catherine n’est pas pour autant abandonné, loin de là, assure Mme Plante.
Les travaux de la rue SainteCatherine Ouest débuteront la semaine prochaine, mais l’artère emblématique ne comportera vraisemblablement pas de trottoirs chauffants comme envisagé dans le projet initial. L’expérience de la place Vauquelin, où le système de pavés chauffants ne fonctionne pas, a incité l’administration de Valérie Plante à remettre en question le recours à cette technologie pour la rue Sainte-Catherine.
Lorsqu’elle a été élue mairesse de Montréal, en novembre dernier, Valérie Plante avait pris l’engagement de revoir plusieurs projets de son prédécesseur. Le projet de la rue Sainte-Catherine Ouest en faisait partie.
«On ne met pas le projet aux poubelles. Absolument pas. […] Et on ne veut pas retarder les travaux. Ils sont nécessaires. On a hâte de créer cette nouvelle rue Sainte-Catherine qui est tellement attendue», a expliqué au Devoir la mairesse mercredi. «Mais il y a des choix qui ont été faits par la précédente administration. On a décidé de les remettre en question et de fouiller un peu plus avant de donner le go.»
Montréal procédera, à compter du 8 janvier prochain, à la réhabilitation de l’égout collecteur situé sous l’artère, entre le boulevard Robert-Bourassa et la rue De Bleury, lors de la première phase des travaux. La phase 1 du projet, dont le coût est estimé à 131 millions, s’attardera au tronçon situé entre les rues Mansfield et De Bleury, incluant le réaménagement du square Phillips.
D’ici la fin de 2021, c’est toute la rue Sainte-Catherine Ouest, entre les rues De Bleury et Atwater, qui sera réaménagée avec des trottoirs plus larges.
La place Vauquelin
L’administration Plante s’apprête toutefois à larguer les trottoirs chauffants, dont les coûts sont estimés à 26 millions. La mairesse évoque les difficultés rencontrées avec les dalles chauffantes installées à la place Vauquelin dans le cadre des travaux de 14,7 millions pour la reconstruction du site. En faisant disparaître la glace et la neige, ce système devait réduire le bris des dalles attribuable à la machinerie de déneigement.
Ce système n’est toujours pas fonctionnel. Lors du passage du Devoir à la place Vauquelin mercredi midi, un véhicule de déneigement s’affairait d’ailleurs à déblayer le site.
«Je regarde par ma fenêtre et je vois les résultats non concluants, admet Valérie Plante. On est en train d’évaluer la question des trottoirs chauffants [sur la rue Sainte-Catherine]: les trottoirs chauffants sont-ils la meilleure façon d’investir l’argent des Montréalais, où est-ce dans une amélioration dans l’expérience de la rue, le mobilier urbain ou dans la façon de concevoir la rue? Chaque dollar est tellement important qu’on veut s’assurer qu’il s’agit des meilleurs choix. »
Si la Ville renonce aux trottoirs chauffants, elle portera une attention particulière au déneigement, a précisé Robert Beaudry, responsable du développement économique au comité exécutif.
La Ville a confirmé que les dalles chauffantes de la place Vauquelin ne fonctionnaient pas. Le bris de la fontaine en juillet dernier a nécessité le remplacement du système électrique alimentant les dalles.
Puis, au début du mois de décembre, la Ville a constaté qu’il lui faudrait installer un système de pompage à vapeur sur l’échangeur de chaleur.
Une fois ce système mis en place, elle croit que les dalles pourront être chauffées, au plus tard à la mi-février 2018. Les dalles chauffantes ont coûté moins d’un million de dollars sur un budget total de 14,7 millions, a-t-on précisé.
Crédits de taxes?
L’administration Plante n’a pas voulu indiquer quelles autres modifications au projet de la rue Sainte-Catherine pourraient être faites ou si elle comptait aménager des voies cyclables. «On veut que la rue Sainte-Catherine soit une rue de destination. Ça veut dire qu’il faut facilement y accéder et avoir envie d’y rester», a dit Mme Plante.
La Ville envisage d’instaurer un système de compensation de taxes pour les commerçants susceptibles de subir des impacts négatifs des chantiers, non seulement ceux de la rue Sainte-Catherine, mais aussi ceux des autres artères commerciales à Montréal. «C’est sûr qu’on va profiter de l’occasion que nous donne le statut de métropole pour soutenir nos commerçants de toutes les façons possibles», a souligné Valérie Plante.
Directeur général de Destination Centre-Ville, André Poulin déplore le climat d’incertitude créé autour de ce chantier
«Le problème, c’est que ça fait trois ans qu’on énerve tout le monde avec quelque chose qu’on ne connaît pas. Ça a créé des appréhensions et des incertitudes. Il n’y aura pas de grandes entraves dans les prochains mois et on ne connaît pas la programmation des travaux après le mois de juin», a-til rappelé.
«Des commerces n’ont pas renouvelé leur bail parce qu’ils appréhendaient toutes sortes de choses. Mais moi, j’ai bon espoir que ça va être moins grave que tout le mélodrame qu’on a fait autour de ça. »
Du côté de la Ville, on souligne que les entraves à la circulation seront plus importantes à compter de janvier 2018.