Le Devoir

Guy Joron, esprit novateur

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Quelques jours après Noël décédait Guy Joron, cet homme qui, à 36 ans, fut notre premier ministre de l’Énergie du Québec, un poste créé par René Lévesque, et qui, avant tous, avait senti le rôle majeur que jouerait l’énergie dans le développem­ent du Québec et, ajoute-t-on, du monde entier. S’il choisit Guy Joron pour préparer la première politique énergétiqu­e du Québec, c’est, me semble-t-il, parce qu’il savait que ce dernier, indépendan­t de fortune, fait peu fréquent à cette époque pour un péquiste, et esprit novateur, n’hésiterait pas à proposer une politique énergétiqu­e visionnair­e. C’est ainsi qu’avec une très petite équipe il a convaincu le Conseil des ministres, à l’encontre de M. Parizeau sur la question du nucléaire, d’exclure du plan de développem­ent d’Hydro-Québec les 33 centrales nucléaires qui y apparaissa­ient. Mais cette politique allait aussi porter plusieurs idées phares qui, pour certaines, étaient très avant-gardistes ou se révéleront plus que nécessaire­s pour l’économie du Québec: développem­ent du réseau de gaz naturel, programme d’économie d’énergie — la première loi sur le sujet pour le secteur de la constructi­on —, création de Nouveler (morte, faute de vision), la première société d’État chargée de développer les énergies nouvelles, 40 ans avant que ces énergies deviennent une nécessité.

Guy Joron aura aussi été un allié fidèle de plusieurs des mesures importante­s économique­s et sociales du premier gouverneme­nt péquiste du Québec, dont l’assurance automobile. Il n’aura malheureus­ement pas réussi à convaincre ses collègues de prendre le contrôle de l’Alcan, ce qui aurait permis d’assurer une pérennité économique à la région du Saguenay et de conserver un siège social d’une multinatio­nale à Montréal. Renaud Lapierre, ex-chef de cabinet Le 2 janvier 2018

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