Pourquoi pas des sacs en végéplastique ?
Qui ne s’est pas indigné devant ces plages recouvertes de débris de plastique? Qui n’a pas été ému devant ces vidéos de mammifères marins qui se noient, empêtrés dans des filets? Devant ces oiseaux morts de faim parce que leur estomac était rempli de morceaux de plastique? Devant ces images de « continents » flottants sur l’océan ?
Alors, dès que quelqu’un a le courage de se lever pour interdire les sacs de plastique, il a droit à un bravo universel. Et pourtant, les sacs représentent la partie la plus visible des débris, mais ne constituent qu’une proportion infime de la pollution par le plastique. Or l’interdiction est une réaction inefficace qui masque la cause du problème et laisse croire que le devoir du citoyen soucieux de l’environnement est accompli. Cette action est proche de l’obscurantisme scientifique.
Il existe une solution, déjà mise en oeuvre par plusieurs pays, dont l’Italie et la France, qui interdisent tous les sacs non compostables, non seulement dans l’alimentation, mais dans tout genre de commerce et pour tout type de sac, quelle que soit son épaisseur. Entendons-nous: ce n’est pas parce qu’un sac est moins dommageable pour l’environnement qu’il faut en abuser. La meilleure façon d’en limiter l’utilisation demeure la consigne. Même l’utilisation de cabas est loin d’être une garantie d’économie de plastique, car il faut plus de cent utilisations pour qu’un de ces sacs soit rentable du point de vue de l’environnement.
Végéplastiques
Les plastiques actuels sont fabriqués avec du pétrole alors que les plastiques compostables sont fabriqués à partir de végétaux (végéplastiques). Ils offrent presque toutes les propriétés des plastiques actuels : on peut en fabriquer des contenants d’aliments, des bouteilles, des tissus, des couches pour bébés, des filets de pêche…
En interdisant les objets de plastique à la pièce plutôt que selon leur nature, on ne s’attaque pas à la source du problème et il faudra légiférer constamment : après les sacs, viendront les bouteilles, puis les contenants des produits d’épicerie, puis…
Les végéplastiques se compostent comme les déchets domestiques (matières organiques) dans les mêmes centres de compostage et dans le même temps. Une remarque importante s’impose ici. On voit souvent des sacs « dégradables », « biodégradables », « oxobiodégradables ». Ces appellations sont trompeuses et ne servent qu’à donner bonne conscience au client, et aucun des sacs distribués au Québec actuellement n’est compostable.
Carboneutres
Alors, pourquoi ne sommesnous pas déjà à l’ère du végéplastique ? C’est que la quasi-totalité des gens qui oeuvrent en environnement s’y oppose, par manque de connaissance ou par préjugé, mais surtout parce que, même si les végéplastiques peuvent être recyclés, leur recyclage est incompatible avec les pétroplastiques.
Parce qu’ils ne sont pas recyclés, Éco Entreprise Québec (EEQ) impose une taxe exorbitante à la vente des produits vendus dans des contenants de végéplastique. En outre, les centres de compostage ne veulent pas les composter, car ils craignent les mélanges des deux genres de plastique. Cela se fait pourtant ailleurs. Serions-nous plus niais que d’autres?
Les végéplastiques, contrairement aux pétroplastiques, sont carboneutres. Les plantes dont ils sont issus absorbent du carbone lors de leur croissance et le libèrent lors du compostage. Leur coût n’est pas beaucoup plus élevé que celui du plastique actuel.
Aujourd’hui, au Québec, les végéplastiques sont pratiquement inexistants, limités surtout aux imprimantes 3D et à des usages médicaux spécialisés. Peut-on enfin envisager un vrai débat sur l’avenir des plastiques dans notre société ?