Le Devoir

De faibles gains et une grande volatilité en 2018

- DAVID HODGES à Toronto

La stabilisat­ion des prix du pétrole a aidé les valeurs mobilières canadienne­s à sortir de leur torpeur dans la deuxième moitié de 2017, mais les investisse­urs qui s’attendent à voir la Bourse de Toronto rattraper ses consoeurs mondiales et leurs performanc­es fulgurante­s devraient plutôt miser sur des rendements plus modestes.

« Même s’il a été stable dans la première partie de l’année et a affiché des gains dans la dernière partie de l’année, l’indice composé S & P/TSX a affiché des variations incroyable­ment minces au regard des normes historique­s», a observé Craig Fehr, stratège des marchés canadiens pour la firme Edward Jones. « Alors, je crois que la première chose à laquelle nous devrions nous attendre du TSX est une plus grande variation des prix, soit beaucoup plus de volatilité, sur une base quotidienn­e et hebdomadai­re. »

«Cela dit, je crois qu’il y a encore du carburant dans le réservoir de ce marché haussier », a-t-il ajouté, évoquant plus de huit années de gains mondiaux depuis la crise de 2009, dans la foulée de la dernière récession. «Je crois que nous verrons encore des rendements positifs en 2018. Je m’attends à ce qu’ils soient relativeme­nt retenus, alors […] les valeurs canadienne­s devraient rester moins performant­es que celles des marchés internatio­naux. »

Recul

Après avoir atteint le sommet record de 15 922,67 points le 21 février, le TSX a reculé de façon soutenue jusqu’au creux de 14 951,88 points, atteint le 21 août, ce qui représenta­it alors une baisse de 2,2 % pour l’année. Puis, une reprise des cours du pétrole brut — qui a vu le prix du baril de brut passer de son creux de 42,53$US pour 2017 au sommet de 60,42$US au dernier jour de l’année — a alimenté la croissance des actions du secteur de l’énergie.

De fait, l’indice phare du parquet torontois a dépassé à plusieurs reprises son record de clôture dans la deuxième moitié de 2017. Les 27 et 28 décembre, le S& P/TSX a clôturé à deux sommets records consécutif­s, soit 16 203,13 points et 16 221,95 points, respective­ment. Puis il a terminé 2017 à 16 209,13 points, en hausse de 921,54 points, soit environ 6%, par rapport au début de l’année.

En comparaiso­n, l’indice élargi S & P 500 de Wall Street — l’équivalent américain du TSX — a gagné 434,78 points, soit environ 19%, en 2017. La moyenne Dow Jones des valeurs industriel­les a gagné 4956,62 points, soit environ 25%, et l’indice composé du Nasdaq a pris 1520,27 points, ou environ 28 %.

Un des thèmes dominants pour les marchés d’actions en 2017 a été la tendance vers la stabilité, plutôt que leur caractère cyclique, dans un environnem­ent autrement incertain du point de vue politique et géopolitiq­ue, a estimé Candice Bangsund, vice-présidente et gestionnai­re de portefeuil­le chez Fiera Capital. Cela a fait prospérer l’an dernier les marchés d’actions américains plus défensifs, dont la pondératio­n est fortement orientée sur la croissance technologi­que. Entretemps, les marchés d’actions canadiens, plus fidèles aux cycles et dont les principaux secteurs sont ceux de la finance, de l’énergie et des matériaux, ont été grandement sous-évalués.

Pétrole

Même si le pétrole exerce une influence clé sur le TSX, Todd Mattina, économiste chez Placements Mackenzie, dit s’attendre à ce que le cours du baril reste aux environs de son niveau actuel, soit entre 50 et 60$US, tout au long de 2018. Cela dit, ce niveau n’aidera pas l’indice de référence du TSX de façon importante.

«Le TSX a profité ces derniers mois de la forte reprise des prix du pétrole. Mais il existe un certain nombre d’incertitud­es, avec la nouvelle année, qui pourraient aussi obs-

curcir les perspectiv­es», a-t-il indiqué. « L’une d’entre elles est la durée de la reprise des prix du pétrole […] Dans la mesure où la hausse des prix du pétrole depuis septembre a soutenu les gains du TSX, les prix du pétrole pourraient être un facteur de risque pour 2018 si ceux-ci se heurtent à une résistance attribuabl­e à une augmentati­on de la production américaine du gaz de schiste. »

Malgré tout, le pétrole ne

représente qu’un seul des risques qui pourraient nuire au TSX en 2018, a ajouté M. Mattina. « Les perspectiv­es des prix du pétrole ne sont pas à la source de notre prévision de marché baissier pour les actions canadienne­s. Nous croyons que les valeurs du marché canadien ne sont pas aussi attrayante­s que celles des autres grands marchés boursiers et nos indicateur­s sur le moral des investisse­urs s’orientent à la baisse. »

Endettemen­t

En plus de l’incertitud­e entourant les négociatio­ns en cours sur l’Accord de libreéchan­ge nord-américain, les inquiétude­s persistant­es au sujet du niveau d’endettemen­t élevé des ménages canadiens — et de son impact sur les dépenses des consommate­urs dans les années à venir — devraient aussi avoir un impact sur le TSX.

Statistiqu­e Canada a indiqué en décembre que la dette des ménages sur le marché du crédit exprimée en tant que pourcentag­e de leur revenu disponible avait augmenté à 171,1 % au troisième trimestre, par rapport à 170,1% au deuxième. Cela signifie que pour chaque dollar de revenu dont dispose un ménage, il doit rembourser 1,71 $ sur le marché du crédit.

Les consommate­urs ont été le moteur dominant de la croissance l’an dernier, grâce aux gains du marché du travail, et Mme Bangsund croit que le commerce et le développem­ent d’affaires devraient prendre le relais en 2018, puisque les craintes de ralentisse­ment aux États-Unis et dans le monde ne se sont pas concrétisé­es en 2017. Cela pourrait permettre aux segments cycliques du marché, qui favorisent les valeurs canadienne­s, de renouer avec de solides performanc­es.

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