Léguer sa bibliothèque
Les belles bibliothèques personnelles ne sont pas l’apanage des seuls penseurs ou personnalités publiques. De grands lecteurs et des collectionneurs monomaniaques se cachent aussi chez tout un chacun. Pas facile pour ceuxlà, ou leurs héritiers, de léguer leur bibliothèque. Daniel Chouinard, bibliothécaire aux acquisitions et à la préservation des collections patrimoniales à BAnQ, reçoit régulièrement des propositions. « En règle générale, nous sommes très sélectifs, indique-t-il au Devoir, soit parce que nous possédons déjà une bonne partie des ouvrages proposés, soit parce que ce ne sont pas des ouvrages qui répondent aux critères de la Collection patrimoniale ou de la Collection universelle. Dans la mesure du possible, nous essayons de réorienter ces propositions, parfois vers des libraires susceptibles d’être intéressés, ou vers d’autres institutions, selon le sujet. Je dois aussi parfois expliquer qu’il n’est pas réaliste de penser qu’on trouvera preneur pour l’ensemble d’une collection. Il faut la plupart du temps accepter qu’elle soit dispersée afin que les livres aient une seconde vie.»
Chacune des bibliothèques du réseau de la Ville de Montréal se réserve le droit d’accepter ou de refuser les dons selon sa convenance. Toutefois, précisait la relationniste Linda Boutin, ces bibliothèques « reçoivent plutôt des dons en petites quantités, parfois d’une centaine de documents, en particulier lors de la période des déménagements d’été». Une source interne préférant conserver l’anonymat soulignait à quel point la question des dons aux bibliothèques publiques est délicate, car les donateurs veulent souvent un reçu d’impôt, pour lequel il faut faire évaluer la collection ; et cette évaluation coûte quelques centaines de dollars qui ne pourront être dépensés pour des achats de livres spécifiques aux besoins des lecteurs de la bibliothèque.