Le Devoir

Volte-face au sujet des pouponnièr­es des garderies

Luc Fortin revient sur la décision de son ministère et les enfants âgés de 18 à 29 mois pourront rester dans les groupes de poupons

- JESSICA NADEAU

Le nouveau ministre de la Famille, Luc Fortin, se rend aux arguments des services de garde subvention­nés et reconnaît que la décision de son ministère de limiter le nombre d’enfants de plus de 18 mois dans les pouponnièr­es risque de pénaliser les «bébés du printemps». C’est pourquoi il revient sur sa décision et maintient la tolérance administra­tive qu’il avait décidé d’abolir.

«À la lumière des discussion­s que j’ai eues avec différents groupes et des répercussi­ons que cette décision-là peut avoir sur les enfants, je vous annonce qu’on va changer d’approche et maintenir la tolérance administra­tive telle qu’elle était avant la nouvelle règle budgétaire», a soutenu le ministre de la Famille en entrevue au Devoir vendredi.

Cette tolérance administra­tive, qui permet aux enfants âgés de 18 à 29 mois de rester dans les groupes de poupons et de recevoir les subvention­s plus élevées qui viennent avec le statut de poupon, avait été mise sur pied en 2012 pour éviter de pénaliser ceux que l’on appelait «les bébés du printemps ».

Ces derniers avaient souvent de la difficulté à trouver de la place en CPE ou dans les garderies privées subvention­nées parce qu’ils coûtaient plus cher que ce que Québec donnait en financemen­t.

En effet, lorsque les enfants atteignaie­nt l’âge de 18 mois, Québec cessait de les financer pour une place en pouponnièr­e — qui coûte plus cher vu le ratio éducatrice-enfants plus élevé — même si, dans les faits, ceux-ci restaient coincés dans ce groupe faute de places dans les groupes plus âgés, qui sont généraleme­nt complets jusqu’à l’été suivant.

Québec avait donc adopté une tolérance pour permettre aux enfants de 18 à 29 mois de continuer à bénéficier de la pleine subvention en pouponnièr­e le temps qu’une place se libère dans un autre groupe.

Mais dans les dernières règles budgétaire­s, le ministère de la Famille a annoncé qu’il allait désormais limiter le nombre de tolérances dans

« On va changer d’approche et annuler ce changement d’orientatio­n»

les services de garde subvention­nés.

Dans un article du Devoir paru lundi, les associatio­ns de services de garde dénonçaien­t cette situation, affirmant que ça aurait un impact négatif pour les parents et leurs enfants.

Erreur

Quelques jours plus tard, le ministre reconnaît que c’était une erreur de la part de son ministère, précisant que cette décision avait été prise avant son arrivée en poste en octobre dernier.

Il ajoute que ce n’est pas une question d’argent, puisque la réduction de la tolérance administra­tive aurait généré, selon son ministère, des économies d’à peine 2,2 millions de dollars. C’était plutôt pour éviter que la tolérance, qui se veut une mesure exceptionn­elle, ne devienne une pratique institutio­nnalisée, ce qui semble être le cas dans certains services de garde, affirme-t-il.

«Je comprends l’objectif qui était poursuivi par le ministère de faire en sorte que la mesure soit réellement exceptionn­elle, mais lorsqu’on fait la balance des avantages et des inconvénie­nts de cette décision-là, [on constate qu’]il y a des enfants qui vont écoper. Et [qu’]on va revenir à une ancienne pratique qu’on ne criait pas sur les toits, mais qui faisait en sorte que les enfants étaient sélectionn­és par les services de garde en fonction de leur date de naissance. Ce n’est vraiment pas ce que je souhaite comme ministre de la Famille, ce n’est pas ce que je souhaite non plus comme père de famille. C’est pourquoi on va changer d’approche et annuler ce changement d’orientatio­n. »

À l’Associatio­n québécoise des centres de la petite enfance, on se dit «très satisfait» de ce revirement de situation.

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ISTOCK La réduction de la tolérance administra­tive aurait généré, selon le ministère de la Famille, des économies d’à peine 2,2 millions de dollars.

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