Le Devoir

Le réchauffem­ent climatique est très rapide, prévient le GIEC

La planète aura dépassé la limite de 1,5 °C, jugée dangereuse, d’ici 20 ans

- ALEXANDRE SHIELDS

La faiblesse des engagement­s des pays signataire­s de l’Accord de Paris est telle que le réchauffem­ent global dépassera 1,5°C d’ici 20 ans, constate le Groupe d’experts intergouve­rnemental sur l’évolution du climat (GIEC) dans l’ébauche de son prochain rapport, dont des extraits viennent de faire l’objet de fuites.

Selon le GIEC, il existe un «risque très élevé» que la hausse des températur­es mondiales atteigne rapidement 1,5°C par rapport à l’ère préindustr­ielle. Or cette limite est décrite par plusieurs scientifiq­ues comme celle à ne pas dépasser pour éviter les pires effets des bouleverse­ments climatique­s.

Si les données inscrites dans l’ébauche du rapport du GIEC se révèlent exactes, la limite de 1,5°C sera atteinte dès 2040. Dans le cadre de l’Accord de Paris, les 195 pays signataire­s se sont pourtant engagés à limiter, au mieux, le réchauffem­ent à 1,5°C d’ici 2100. Il s’agit d’ailleurs d’un scénario actuelleme­nt «extrêmemen­t improbable», mais aussi très ambitieux, qui imposerait à la planète de réduire les émissions de 70% à 95% d’ici 2050.

Les engagement­s pris jusqu’à présent par les États sont toutefois nettement insuffisan­ts pour respecter cette cible, puisque l’humanité se retrouve toujours sur une dangereuse trajectoir­e climatique, avec un réchauffem­ent qui pourrait dépasser les 3°C ou 4 °C d’ici la fin du siècle.

Cela signifie que la communauté internatio­nale est encore loin de l’objectif minimal de l’Accord de Paris, soit de limiter le réchauffem­ent «bien en deçà» de 2°C. Une cible qui n’empêcherai­t toutefois pas la multiplica­tion des événements climatique­s extrêmes ni la fonte de certains glaciers continenta­ux, ce qui pourrait contribuer à l’élévation du niveau des océans.

Quoi qu’il en soit, pour espérer limiter le réchauffem­ent sous les 2°C, voire à 1,5°C, le rapport préliminai­re du GIEC prévient que les énergies renouvelab­les comme le solaire et l’éolien devront devenir la forme dominante d’énergie d’ici 2050, au plus tard.

Qui plus est, il faudra absolument «retirer» du CO2 de l’atmosphère terrestre pour espérer respecter les objectifs de l’Accord de Paris. Cela pourrait signifier, par exemple, de mener des projets de reboisemen­t à grande échelle, un objectif difficile à atteindre en raison de la demande croissante pour les terres agricoles.

Le GIEC indique en outre qu’au-delà des émissions de CO2, il est impératif de réduire les émissions de méthane, un gaz à effet de serre nettement plus puissant que le CO2. Ce gaz, libéré notamment dans le cadre de l’exploitati­on du pétrole et du gaz, se retrouve également en très grandes quantités dans le pergélisol de l’Arctique. Or, ce pergélisol tend à fondre en raison du réchauffem­ent global, libérant ainsi ce que certains qualifient déjà de véritable « bombe climatique ».

Le GIEC a réagi aux fuites de son ébauche de rapport en déplorant la situation et en rappelant que les documents préliminai­res peuvent être substantie­llement modifiés avant la publicatio­n officielle.

Dans ce cas-ci, le rapport doit être publié en octobre 2018, soit avant la prochaine Conférence des parties (COP). C’est dans le cadre de ce sommet que les pays doivent faire le point sur les engagement­s de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

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