Le Devoir

Les quinze villes liées demandent à Montréal de revoir son budget

- JEANNE CORRIVEAU

La colère des maires des quinze villes liées de l’île de Montréal n’a pas fait fléchir l’administra­tion Plante-Dorais. Celle-ci a rejeté la demande des élus de revoir son budget, qui impose une hausse marquée de la contributi­on financière des banlieues.

Les municipali­tés défusionné­es ont vu bondir la facture que leur réclame la Ville de Montréal pour les services communs, tels que la police, les pompiers et le transport. La hausse moyenne des quotespart­s que devront payer les villes liées en 2018 atteint 5,3%, mais pour plusieurs, les augmentati­ons sont bien supérieure­s. C’est le cas de MontRoyal (9,8%) et de MontréalOu­est (9 %).

Furieux, les maires ont demandé vendredi à l’administra­tion de retourner à la table à dessin et de refaire le budget déposé mercredi. « On fait face à une augmentati­on substantie­lle qui est inacceptab­le. Vous n’avez aucunement pris en considérat­ion les impacts que ces taxes auraient sur les contribuab­les, non seulement pour les villes liées, mais pour votre propre ville», a dit le maire de Beaconsfie­ld, Georges Bourelle, au président du comité exécutif de la Ville de Montréal, Benoit Dorais, lors de la séance publique de la commission des finances vendredi. «On offre de travailler avec vous pour voir de quelle façon on pourrait faire des choix et arriver avec un budget sous l’inflation tout en respectant vos propres engagement­s électoraux. »

Une paix syndicale qui coûte cher

Benoit Dorais a pris note des doléances de M. Bourelle, mais a fait valoir que les dépenses qui gonflent la facture de l’agglomérat­ion ne peuvent, selon lui, être reportées dans le temps. «On pourrait faire un budget moins inflationn­iste, comme vous le dites, en continuant de pelleter par en avant. À ce moment-là, on paierait davantage dans le futur », a-t-il dit.

Les hausses dans cinq postes budgétaire­s affectent particuliè­rement le budget d’agglomérat­ion, dont la sécurité publique (+ 25 millions) — avec les ententes sur les régimes de retraite des policiers et des pompiers —, les transports (+ 27,7 millions) et la gestion de l’eau (+ 15 millions).

La convention collective des policiers conclue par l’administra­tion Coderre l’été dernier a coûté cher à la Ville, a soutenu M. Dorais: «Ce n’est pas moi qui l’ai signée. Je ne porte aucun jugement sur le fait qu’elle soit bonne ou moins bonne, mais les chiffres font en sorte qu’on doit l’absorber.»

En septembre dernier, la Ville prévoyait que la nouvelle convention aurait un impact financier net de 15 millions en 2018. Cette entente comporte une restructur­ation des régimes de retraite, des hausses salariales allant de 2 % à 1,5 % jusqu’en 2021, ainsi que l’instaurati­on de primes. La Ville s’est toutefois entendue avec la Fraternité des policiers pour recourir à des cadets dans la gestion de la circulatio­n autour des chantiers, une économie anticipée de 6,2 millions.

Quant aux pompiers, la Ville a indiqué qu’elle devra leur verser une compensati­on pendant 15 ans équivalant à 2,5% de leurs salaires en raison d’une clause de leur convention collective datant de 1992 et stipulant que toute modificati­on aux régimes de retraite devrait être indemnisée.

Benoit Dorais voit difficilem­ent lequel des éléments du budget d’agglomérat­ion il pourrait « scrapper ».

Il a tout de même promis qu’au prochain budget, les villes liées seraient «mises dans le coup» et seraient avisées des hausses qui pourraient les affecter.

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